Hommage aux Iraniennes ! Prix Simone-de-Beauvoir pour la liberté des femmes
10 janvier 2023. Hommage aux Iraniennes ! Prix Simone-de-Beauvoir pour la liberté des femmes
Ce matin, 10 janvier 2023, à 11h, à la Maison de l’Amérique Latine, eu lieu la remise du prix Simone-de-Beauvoir pour la liberté des femmes sous la présidence de Mme Sylvie Le Bon de Beauvoir. Cette année, le prix a été accordé à des femmes héroïques : les Iraniennes en lutte, et symboliquement à Jina Masha Amini, décédée le 16 septembre 2022, à la suite de son arrestation par la police de mœurs pour avoir laissé échapper une mèche de cheveux de son voile.
Ainsi, la cérémonie fut vive en émotion. Mme Sylvie Le Bon de Beauvoir ouvre la cérémonie avec, comme à son habitude, un discours foudroyant. En effet, elle rend hommage non seulement à Jina Masha Amini mais aussi à toutes les femmes qui ont osé symboliquement ôter leurs foulards comme signe de rébellion face aux ordres du gouvernement iranien de porter le hijab, mais aussi contre « l’insupportable d’une existence contrôlée, étouffée sous le carcan des normes cléricales de la loi islamique » (Mme Sylvie Le Bon de Beauvoir). Par la suite Pierre Bras, délégué général du jury, prend la parole pour exprimer la nécessité d’une égalité des sexes comme obligation afin d’atteindre l’idéal d’égalité dans nos sociétés. D’où l’importance de la participation des Iraniens aux côtés des Iraniennes dans ce combat. Ensuite, Darya Dadvar cantatrice et compositrice iranienne interprète l’hymne à la liberté « Baraye ». Elle souligne l’importance de ne pas se taire face aux crimes qui visent systématiquement les femmes. L’artiste a réussi à émouvoir la salle entière par sa voix mélodique et percutante, au point que les larmes nous venaient aux yeux. Sihem Habchi, sociologue, lui succède, elle rend hommage aux centaines de condamnés à mort pour le simple crime d’avoir osé faire entendre leurs voix face à ce régime destructeur. Elle qualifie les cris des Iraniennes de « la plus importante et impressionnante révolution féministe en cours sur la planète, des centaines et des centaines de femmes veulent vivre, tout simplement, libre ».Sihem Habchi souligne la solidarité manifestée à l’égard des Iranienne, dès les début de la révolution islamique, par la Ligue du Droit International des Femmes et termine par un message d’espoir « aucun régime, aussi tyrannique qu’il soit ne pourra jamais empêcher les personnes de pensé que la liberté est préférable à la soumission et à l’esclavage. Prenons le pari qu’ils s’épuiseront (le régime iranien) en premier, c’est simplement une question de temps ». Ensuite, Smain Laacher nous dépeint, avec une rhétorique poétique, les scènes lugubres du quotidien iranien « morte pour un voile mal ajusté, morte pour une mèche de cheveux. Une mèche, en persan, c’est aussi un l’assaut. C’est la puissance de sa chevelure qui claque comme un l’assaut. Chevelure devenue cris « Femme, Vie, Liberté » ». Finalement, Chahla Chafiq, autrice du Rendez-vous iranien de Simone de Beauvoir (2019), tient à s’exprimer en persan pour montrer sa solidarité avec son pays. Confiante dans l’avenir de cette révolution, Chahla Chafiq pense qu’elle mènera à la libération de l’Iran et qu’une page de l’histoire de l’humanité sera tournée.
Ainsi, nous remercions le comité du prix Simone-de-Beauvoir d’honorer et de donner la voix à ces Iraniennes qui se battent avec un tel courage contre leur propre gouvernement qui cherche à les réduire au silence et à les effacer de la société. Ceci démontre que leurs cris « Femme, Vie, Liberté ! » a un réel impact et résonne dans le monde entier. Brûler leurs voiles et afficher fièrement leurs cheveux sont une manière d’attaquer directement la tradition et la culture islamiste qui mène une politique d’apartheid sexuel. Ce combat motivant mené par ces femmes courageuses mérite grandement le prix Simone-de-Beauvoir pour la libération des femmes.
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