Projet de loi burqa : ne pas s’arrêter à l’interdiction de la seule burka
Communiqué de la Ligue du droit international des femmes sur le projet de loi burqa: Ne pas s’arrêter à l’interdiction de la seule burka.
La Ligue du Droit International des femmes se réjouit de l’annonce faite par le gouvernement de présenter en mai prochain un projet de loi d’interdiction générale de la burqa. La LDIF regrette cependant que le débat sur le voile intégral ait pris le pas sur celui plus vaste des signes religieux ostensibles dans l’espace public. Il est en effet essentiel de cesser de réagir au coup par coup et d’adopter une politique digne du pays laïque que nous sommes.
La crainte principale de la LDIF est de voir enterrer la question du foulard « simple »dont le sens est exactement le même que celui de la burqa : une stigmatisation du corps des femmes, un marqueur sexiste incompatible avec une société mixte, démocratique et égalitaire.
Tout en saluant le fait que l’interdiction de la burka soit fondée sur l’atteinte à la dignité des femmes, elle aurait souhaité qu’il soit aussi fait référence à la laïcité. En effet, bien que certains tentent d’exonérer l’Islam de cette pratique, on peut leur rétorquer comme l’a fait le philosophe Abdennour Bidar, lors de son audition par la mission Gérin « il y a dérive sectaire parce que le port du voile intégral est justement un problème religieux ».
L’oubli volontaire de l’argument « laïcité » prive le politique d’une véritable stratégie capable de pacifier un débat récurrent qui prote atteinte à différentes composantes de l’ordre public.
La présidente,
Annie Sugier
06 38 39 42 92
met en garde le gouvernement contre la tendance actuelle à gommer le volet laïcité du débat, alors que cet outil est celui qui donne , la LDIF considère qu’il ne faut pas
un article du Parisien
Malgré l'avis défavorable du Conseil d'Etat sur l'interdiction générale de la burqa, le gouvernement présentera un projet de loi dans ce sens devant le Conseil des ministres, en mai prochain. Ce texte, qui devrait être soumis aux députés en juillet, vise à interdire le voile intégral dans tout l'espace public et pas seulement dans les services publics, a annoncé mercredi le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel.
«Le président et le Premier ministre ont demandé à tous les membres du gouvernement de se mobiliser», a ajouté M. Chatel. Nicolas Sarkozy a lui-même répété ce mercredi, lors du Conseil des ministres, que la burqa constituait une «atteinte à la dignité des femmes». Il s'agit de «ne pas laisser dériver le phénomène», signe «d'un repli communautaire et d'un rejet de nos valeurs», a ajouté le porte-parole, soulignant qu'il était porté en France par quelque 2 000 femmes.
Le texte obéit à certains «principes», selon ce dernier. «L'interdiction du port du voile intégral doit être général dans tout l'espace public parce que la dignité de la femme ne se divise pas» et, d'autre part, «tout doit être fait pour que nul ne se sente stigmatisé du fait de sa foi et de ses pratiques religieuses.
«Aucun fondement juridique incontestable», selon le Conseil d'Etat
Le chef de file des députés UMP Jean-François Copé plaidait, lui, pour une proposition de loi, afin notamment d'accélérer le processus d'adoption du texte. En outre, une proposition de loi évitait le passage devant le Conseil d'Etat. «L'important pour nous, c'était d'obtenir gain de cause sur le périmètre d'interdiction», a-t-on assuré dans l'entourage de M. Copé.
Le choix d'un projet de loi comme véhicule législatif oblige en effet à un passage devant le Conseil d'Etat. La tâche de la majorité risque d'être compliquée : fin mars, les membres de la plus haute juridiction administrative, sollicités par le Premier ministre, avaient estimé qu’une interdiction générale et absolue du port du voile intégral ne reposerait sur «aucun fondement juridique incontestable». Ils avaient proposé d’interdire de se cacher le visage dans certaines circonstances, plutôt que la burqa.
L'opposition du Médiateur de la République
Le Médiateur de la République, Jean-Paul Delevoye, également maire (UMP) de Bapaume (Nord-Pas-de-Calais), s'est d'ailleurs montré opposé au principe d'interdiction générale. «Le Conseil d'Etat a donné une notion assez intéressante qui consiste à dire qu'il conviendrait dans certains lieux, à certains moments, d'interdire le port du voile intégral», a-t-il estimé sur RMC. «Je ne sais pas comment on va faire avec les Saoudiennes qui viennent acheter sur les Champs Elysées, par exemple», a fait valoir cet ancien proche de Jacques Chirac.
Une «victoire des femmes», selon Ni Putes ni soumises
A contrario, la présidente de Ni Putes ni soumises (NPNS), Sihem Habchi, a salué comme une «victoire des femmes» cette annonce. «C'est le début d'une nouvelle page pour l'émancipation des femmes des quartiers populaires à qui on va proposer autre chose que l'enfermement ou la mort sociale», a-t-elle déclaré. «Aux législateurs, je demande du courage politique pour voter une loi de protection et d'émancipation des femmes. Qu'on entende la voix de celles qui luttent contre le fascisme vert !».
Le président de la mission parlementaire sur le voile intégral, André Gerin, député communiste du Rhône, s'est lui aussi dit satisfait, plusieurs mois après le débat qui avait divisé une partie de la droite et de la gauche.
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