Ana Pak, militante féministe laïque iranienne réfugiée en France
Ana Pak est une militante féministe laïque iranienne, réfugiée en France . Elle a participé à la manifestation du 8 mars 2010 organisée par la LDIF, au pied de la statue de la Liberté à Paris pour marquer les 40 ans du MLF. Ana était de nouveau avec nous devant l'Ambassade d'Arabie Saoudite le 17 juin pour manifester son soutien au mouvement "Women 2 Drive".
Elle exprime aussi sa révolte à travers des textes que vous pourrez lire ci-joint.
photo Alain Delpey
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Ce que dit ou pas l’affaire DSK !
Ce sont les cris ou les chuchotements venant de femmes et d'hommes politiques, de la rue, de jeunes et de vieux
« - C’est impossible ! »
« - Un complot ! »
« - Non !Non ! C’est un coup monté ! ».
« - Le pouvoir fait peur ! DSK était à deux doigt du pouvoir, consciemment ou inconsciemment, il a décidé de ne pas y accéder, de ne pas exercer le pouvoir !
Car il fait tellement peur le pouvoir !
C’est tellement difficile pour un homme d’assumer le pouvoir ! »
Ce sont les dires et les analyses de certains hommes et des médias...
« Non ! Il n’y a pas mort d’homme ! » est le cri lancé par un homme politique.
Et C’est vrai !
Mais tous les jours en France, une femme meurt de la violence exercée par les hommes !
Non, « Il n’y a pas de mort d’homme ! », mais dans le monde une petite fille ou une femme meurt chaque seconde...
En France, 74 000 viols de femmes sont déclarés chaque année et en fait « Il n’y a (toujours) pas mort d’homme ! ».
« Normal ! »
« Si les femmes meurent, c’est bien de leur faute !
Et si elles sont violées, c’est qu’elles l’ont bien cherché ! »
Evidemment ! « ce n’est pas mort d’homme ! »
La gravité de ces paroles montre l’ampleur du machisme millénaire et l'enracinement profond de la misogynie.
Depuis des siècles, les femmes écrivent dans le silence de leur journal intime, ou encore elles dénoncent et crient en place publique, elles luttent seule ou regroupées dans des associations visant les violences faites aux femmes par les hommes...
Mais elles ne peuvent finalement rien faire ! Elles ne peuvent changer cette société !
Elles ne remporteront pas la dignité. Elles n’obtiendront pas l’égalité avec l’autre sexe…
Sauf…
Sauf si seulement…
Si toutes ces femmes, quelque soit leur age, leur langue, leur origine géographique, sociale ou économique, religieuse, culturelle et philosophique, se décidaient à se constituer en une seule et même classe de lutte !
La classe des Femmes.
Comme la classe des Noirs, celle du Prolétariat.
Les Femmes sont une classe à part ! Mais sous-divisée en autant de pays, de sociétés, de langues, de cultures, de religions…
C’est la seule classe qui, quelque soit le pays, produise du travail gratuit.
Un travail qui enrichit l’économie domestique et sociale sans être rémunéré ni par l’une ni par l’autre !
La classe qui reçoit également toute la charge de la pérennité de l’espèce : enfantement, nourrissage, éducation, soin, entretien… lui sont attribués comme un devoir, un dû, quelque soit la place et le rang social des femmes, leur religion ou leur culture.
C’est grâce au travail non rémunéré des femmes que la démographie des pays prospère et même existe !
Seul leur ventre est capable de renverser les tendances démographiques d’un pays : la natalité en baisse ou en augmentation, nous disent-ils !!!
Les membres de cette classe là, bien qu'elles puissent occuper parfois les mêmes fonctions et effectuent alors les mêmes tâches que les hommes, sont moins bien payées et jouissent de moins de biens, de considération et de richesse.
Le seul gagne-pain des Femmes (si on peut le dire ainsi) qui fût autorisé, depuis toujours et dans tous les pays, dans toutes les cultures, et religions… est la prostitution !!!
Leurs seins les a aussi fait embaucher en tant que nourrices.
L’autre classe vend et achète le corps, le vagin, la bouche, les seins des femmes...
Ils sont même en train de légaliser la vente et l’achat de leur ventre pour la reproduction !
Ils les tuent lorsqu’ils se disent être déshonorés !
Car comme vous le savez leur honneur se loge entre les cuisses des Femmes !
Pendant leurs guerres, ils les violent, « pour le nettoyage ethnique et racial » (pour propager le sperme sacré d’envahisseurs) !
Les maris peuvent les tuer, leurs patrons peuvent les harceler !
N’est-ce pas ce que les seigneurs d’antan appelaient le droit de cuissage dont ils profitaient ?
Pourquoi alors, les maîtres d’aujourd’hui se priveraient-ils ?
« Oui ! il n’y a pas mort d’homme ! ». Tant que ce sont des Femmes qui meurent.
Evidemment, les femmes ne sont pas des hommes ! Même si par la misogynie de langue française, ils font semblant que l’homme avec un H majuscule, contienne les Femmes aussi !
Récemment ils écrivaient dans leurs journaux qu’en France les femmes et les féministes ont obtenu tellement d'avancées que des hommes comme R. Polanski et B Cantat y sont mal accueillis !!!
Il y a aussi des fables qui circulent et qui nous racontent que s’il n’y a pas d’égalité entre les Femmes et les hommes, c’est que les femmes se heurtent aux « plafonds de verre » ! (comme le Pôle Emploi qui récemment propose de « relooker les femmes » afin de les aider à trouver un emploi !!! Donc si elles ne sont pas belles, elles ne trouvent pas de travail !).
Les inégalités ne sont pas les conséquences des « plafonds de verre » ni « des murs du son », mais celles des division de classes : la classe des Maîtres et la classe des Esclaves !
La classe des esclaves Femmes est opprimée, chosifiée, nue, ou voilée achetée, ou vendue peu ou pas rémunérée…
Bref dans l’affaire de DSK, l'hésitation et le refus de tous les hommes de le soupçonner d'être un violeur, la défense fervente dont bénéficie DSK et la mise en doute systématique de la parole de la femme de chambre, prouvent que DSK et les hommes et surtout les hommes politiques et ceux détenant le pouvoir savent qu’ils ne courent pas de grands risques et qu'ils connaissent bien leur impunité, même en tant qu’agresseur sexuel.
Cela montre aussi, que dans tous les affaires de viol et de meurtre contre les femmes, la parole des victimes nous est rendue brouillée, inaudible et niée.
Pourtant une chose reste à désirer.
Arrivera-t-il un jour où les Femmes se reconnaîtront en une classe unique, la classe des dominées et où elles se rassembleront pour changer leur monde ?
Car tant que les femmes adhèrent à toutes les fictions (pays, nation, culture, tradition, religion, institution, mariage, état, partie, patrie, race, etc… ) inventées par les hommes, pour visser, diviser et subdiviser les femmes, rien ne changera dans ce bas monde, notre monde.
En adhérant à ces fictions elles jouent sans le savoir contre l’intérêt de leur propre classe.
Regardons d'un peu plus près ces fables, quelle fonction remplit chacune de ces fictions ?
Elles se disent anglaises, afghanes, algériennes, françaises, iraniennes... oubliant dans chaque pays d’où elles se disent issues, la part de terres, de richesses et de biens qu’elles possèdent en réalité !
Peu ! Pour ne pas dire point !
Elles sont solidaires dans des religions des Etats, créés par les hommes pour les hommes... or quelle est la place occupée dans chacune de ces institutions par les Femmes ? Elles sont au pied alors que les hommes sont en tête !
Les cultures : en sont-elles les productrices ? Quelles que soient ces cultures où les femmes sont visées par les machistes, le phallocentrisme et la misogynie.
Tant que les femmes se retrancheront derrière les fictions des hommes, qui sont inventées pour les aliéner.
Tant que les femmes auront recours à la justice que les hommes ont imaginée (toutes les femmes qui ont été condamnées à mort et emprisonnées dans les pays occidentaux et aujourd’hui encore dans beaucoup de pays non–démocratique pour avortement, viol subi…).
Tant que les femmes croient en des hommes qu'elles voient comme des compagnons mais pas en tant que représentants de la classe dominante.
Alors la société dans son ensemble continuera à douter de la parole des femmes violées ou violentées.
Et dans chaque cas de Femme tuée par des hommes on dira toujours « on ne peut pas se mêler des affaires du couple !» ou encore « on ne sait ce qui s’est passé ! ».
« Il n’y a pas de mort d’homme » nous dira-t-on ! Toujours.
Eh ! C’est vrai ! dans une agression sexuelle, ce n’est pas le violeur, toujours un homme, qui en meurt ! C’est la personne violée, souvent une femme, qui en ressort meurtrie.
L’ Histoire que l'on connaît de la civilisation des hommes, et ceci malgré sa censure et ses mensonges, est en effet empestée de cadavres et surtout de ceux des femmes.
L’esclavage des Noirs enchaîna les hommes pendant quelques siècles de leur civilisation, pendant que l'esclavage des Femmes dure depuis presque toute l’histoire de cette civilisation !
Femmes ! Laissons ces fictions de coté ! ces fausses représentations du monde ! Unissons-nous dans une même classe ! Classe des Femmes, unissons-Nous. Pour changer le monde ! Notre monde !
Ana pak, mai 2011
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Pourquoi le FN gagne ? Pourquoi ?
Depuis l’empire colonial britannique, les sentiments religieux sont utilisés comme des armes pour assujettir les peuples.
L’Iran en est un exemple édifiant et l’Afghanistan une des plus grandes victimes.
La ceinture verte islamiste que les occidentaux ont étendue en protection contre l'Empire rouge soviétique étrangle aujourd'hui les peuples d’Algérie, d’Iran, d’Egypte, d’Afghanistan et du Yémen…
Car dans tous ces pays les voix progressistes et démocratiques qui s'élevaient au cours des années 1956 à 1960 furent massivement éliminées au moyen de l'assassinat politique des intellectuels ou par des coups d’Etat pour laisser la place aux pouvoirs corrompus, et larvés des islamistes.
Reza Shah en Iran était un nationaliste tout comme Ata Turk. Il voulait un Iran fort et autonome. Il fût détrôné par les Britanniques, limogé, puis il finit en exil sur l’Ile Maurice où il mourut. Son fils qui était à la botte des américains, se mit à jouer avec la religion (comme le fait en France le sarkozisme) et favorisa ainsi le développement de sentiments religieux extrêmes ce qui donna du pouvoir au clergé. C’est ainsi qu’en 1979 la révolution du peuple iranien fut facilement récupérée par les théocrates islamistes.
Par cette introduction brève, à priori loin de la préoccupation au sujet du Front National, je voudrais tirer un parallèle sur la situation politique en France et également en Europe.
Le néolibéralisme financier sans scrupule a toujours engendré la misère, la pauvreté et l’exclusion, ce qui peut amener à la révolte et à l’explosion sociale, comme on le voit en Orient d’aujourd’hui, et en Grèce et l’Espagne.
Mais ici, les choses en vont autrement.
N’oublions pas que Nicolas Sarkozy avant devenir Président avait écrit un livre dans lequel il soutenait que ce n’était pas l’Etat qui devait faire du social mais les religions.
D’après lui, comme l’islam n’avait pas d'instances représentatives à l'époque où il était Ministre de l’Intérieur, il créa le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) dans ce but, afin que chaque religion s’occupe de ses pauvres et de ses exclus, soit diant…
Pendant ce temps, la gauche, en général fit globalement la même chose que Nicolas Sarkozy mais avec d’autres motivations : misérabilistes et faisant la part belle à un amalgame surprenant et absurde entre une idéologie (l’Islam) et des individus.
De cet amalgame dangereux opéré entre les population exclues et en difficultés et l’islam que la gauche a pu favoriser, on peut en souligner de bons exemples qui illustrent aussi les piètres services résultant de cette politique pour des populations souvent en difficulté, ainsi dans certaines villes, la gauche proposa des piscines séparées (Lille) ou bien fit construire et subventionna des mosquées (18ème et 11èmearrondissements de Paris), par contre elle n'accorda aucun soutien aux filles et femmes des cités et quartiers qui se retrouvent aux mains des mâles et surtout des mâles islamistes.
La gauche n’apporta aucune réponse au chômage ni à la situation précaire des immigré-es et des habitant-es des cités et ne soutint pas les femmes des cités enfermées derrières les blocs de béton et entre les griffes des mâles violents. Ces femmes ainsi s’enfermèrent davantage dans le voile.
Certaines gauches très zélées proposaient même sur leur liste des « féministes voilées!!»(sic)
Les intellectuels et les progressistes n’échappent pas à ce piège.
Ils évitent la discussions et les prises de position sur le sujet.
Ils n’osent pas critiquer l’Islam de peur d’être taxés de racisme ou d’ « islamophobie ».
Critiquer le totalitarisme de l’islam, son engouement à envahir et empester tous les espaces publics, ce n’est pas attaquer les musulmans. C’est attaquer une idéologie politique.
Pourquoi avez-vous remis en question dans tous les sens du terme les autres religions et par exemple la votre propre : le christianisme ? Pourquoi alors cette réserve à l’égard de l’islam ?
Les religions quelles qu’elles soient sont liberticides, misogynes et totalitaires.
Vous qui, par le passé, vous êtes libéré-es du poids de votre église, pourquoi alors que les politiques proposent davantage de mosquées et davantage de religion en réponse au discriminations, vous repliez-vous sur vous et sur la peur d’être taxé-es d’«islamophobie»?
Islamophobe ? Vous le dites !
Savez vous qui a inventé ce mot ? Et savez-vous pourquoi?
Ce mot fût pour la première fois utilisé par Khomeiny. Lorsqu'il obligea les iraniennes à porte le voile en 1979, et alors que celles-ci manifestèrent pendant trois semaines et protestèrent sous les menaces des coups et les couteaux pour refuser le hijab, le voilement des femmes et l'obligation de porter le voile…
Ce vieux requin de Khomeiny accusa et condamna ces femmes au moyen de l’islamophobie.
Oui ! J’ai peur de l’islam. Oui j’ai peur de toutes les religions lorsqu’elles envahissent l’espace public. Et non, je n’ai pas peur de le dire !
La phobie des religions n’est pas un mal ! Surtout que les institutions de toutes les religions sont misogynes.
Lorsque l’hiver dernier aux Etats-Unis quelques tarés fanatiques extrémistes chrétiens et eux aussi religieux brûlèrent en place publique le livre du Coran, beaucoup de monde en Europe crièrent à l'assassinat !Or tous les jours, chaque seconde même, et partout dans le monde, y compris en Europe sous nos yeux, des filles et des femmes sont brûlées parce qu’elles aspirent à l’émancipation, elles sont mutilées sexuellement, ou encore mariées de force, voilées, et violées, torturées, finalement tuées, tout ceci uniquement parce qu’elles veulent vivre libres, qu'elles veulent choisir leur vie, leur sexualité. Et vous ne dites rien ?
Certains osent dire : « c’est leur culture, il faut la respecter ! ».
Vous qui avez la chance de vivre libres ici de l’emprise de vos religions, sachez que lorsque les femmes sont obligées au cœur des sociétés islamiques d'être mutilées, être obligées de se voiler, condamnées à vivre avec des hommes, même si elles ne le veulent pas ! quelle culture prétendez-vous alors respecter ?
A votre avis qui a produit ces cultures-là et les religions ?
Les hommes ou les femmes ?
De qui respecte-t-on la culture en réalité?
Dans cet étrange désordre social fait d'exclusions et de discriminations dues aux soubresauts du capitalisme, à cet endroit même, chez nous, où les femmes de certains quartiers sont violées si elles ne sont pas voilées, là où les religions sont présentes pour récupérer les « déchets humains » du capitalisme leu bienfaiteur, qu'allons-nous faire ?
Alain Juppé et son gouvernement sont restés bien silencieux au plus fort de la révolution en Egypte puis se sont ensuite pressés de s'y rendre et d'y serrer la main des « Frères Musulmans » !
Cette visite fût faite au mépris des revendications, des inspirations et aspirations, et de la révolte de tout un peuple et surtout au mépris de la révolte des femmes égyptiennes qui en ont assez de leur oppression.
En souvenir de son voyage et de sa visite faite en la bonne compagnie des représentants des Frères Musulmans, Alain Juppé a qualifié ces Frères Musulmans « d’intéressants » et a dit que cette visite « lui a permis de bien mesurer que la représentation qui est parfois faite de ce mouvement mérite d'être éclairée sous un meilleur jour ».
Voici que devient éclairé sous les mots de Juppé un mouvement obscurantiste et obscurcissant !
Et pourquoi Juppé voudrait-il blanchir quoi ?
Dans ce cas-là que reste-t-il pour les Français lambdas ?
Marine Le Pen !?
En tant que « populiste », il est reconnu qu'elle s’exprime sur des sujets qui préoccupent les gens.
Mais elle ne dit pas tout. Ce que les gens ne savent pas, c'est que si elle dénonce les rues occupées par les barbus, ce n’est pas parce qu’elle est islamophobe !
Au contraire, elle se moque de lutter contre l'extrêmisme religieux en soi, elle ne fait qu'utiliser les préoccupations et les alarmes des habitants de ces quartiers.
Car ce qu’elle ne dit pas, c’est qu’il n’y a aucune opposition de points de vue entre sa religion facho-catho et celle facho-islamiste.
Elle ne dit pas que son père en 2009 était invité d'honneur à l’ambassade iranienne pour la grande fête des 31 ans de diktat facho-islamiste en Iran, où il répéta en choeur « Dieu est grand »![1]
Pouvez-vous vous mettre à la place des habitants qui aperçoivent tous les vendredis dans leur quartier les fesses des hommes, en l’air au nom d’une prière !?
Pouvez-vous vous imaginer le désarroi des enseignant-es ou soignant-es qui se retrouvant bien seul-es face à une femme fantôme emmenant sa prison avec elle en forme de déambulateur tout noir ?
Et mettez vous aussi à la place des femmes qui vivent en France et en Europe et ont fui leur pays après des années passées en prison, dans la torture et le mépris uniquement parce qu’elles refusaient le voile et protestent les lois islamique sur le corps de femmes( en autre Taslima Nassrin)
Croyez-vous vraiment que Sarkosisme et Lepénisme vont prendre en compte la souffrance, l’effroi et le désarroi de ces personnes ?
Ou bien favoriseront-ils le développement du repli communautaire contre la liberté individuelle, et la lutte collective ?
Si nous les forces démocratiques, si nous les féministes et les progressistes ne saisissons pas le moment opportun, si la gauche ne retourne pas à ses fondamentaux, c'est-à-dire si elle ne critique pas ou plus toutes les religions sans en éprouver aucune peur, si elle ne lutte pas contre toutes les formes d’injustices, de discrimination et d'oppression, surtout sexiste, au nom de la lutte contre l’impérialisme, alors nous ne ferons qu’élever au chaud en notre sein le serpent religio-théocratique, l’allié privilégié du capitalisme, ceci au détriment des luttes des femmes et des hommes libres et libres penseurs.
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La place de l'homosexualité féminine en Iran sous les lois islamistes.
Pour comprendre le mouvement des homosexuelles iraniennes, il faut connaître la situation générale des femmes sous les lois islamistes.
Aujourd'hui en Iran tout ce qui touche à la sexualité est le tabou des tabous.
Il n’existe aucune éducation sexuelle, aucun espace de débat sur la sexualité.
Parler de la sexualité est condamné au nom de la «propagation de la prostitution et de la corruption».
En revanche toutes sortes de violences à l’égard des femmes sont légitimées, par exemple la pédocriminalité 1est sanctifiée dans le cadre du mariage, puisque les filles de 13 ans sont mariables et parfois elles ont même un mari à l'âge de neuf ans.
Dans ces sociétés totalitaires et théocratiques, l’éducation sexuelle passe finalement par la pornographie.
Les pornographies les plus obscènes, les plus destructrices des rapports humains servent de modèle à cette éducation.
Ainsi l’amour n’a aucune place dans des relations à deux et le sexe est un produit à consommer. Dans ces sociétés les filles et les femmes sont les plus réprimées et sont les victimes de toutes sortes de violences.
Elles subissent des viols même dans le cadre du mariage. Leur désirs sexuels, les relations érotiques n’ont aucune place dans leur vie.
Pour comprendre cette société iranienne malade, il faut retourner un peu en arrière.
En Iran en 1978, la révolution du peuple iranien a été récupérée par des islamistes et à partir de là la vie des femmes a basculé.
Jusqu’à là, les femmes avaient accès aux droits fondamentaux : elles avaient un large choix pour les études et les métiers qu'elles pouvaient pratiquer, l’âge du mariage pour les filles comme pour les garçons était fixé à 18 ans. Les femmes et les hommes avaient les même droits concernant le divorce et l’autorité parentale...
La première cible des islamistes fût de bafouer les droits des femmes et de supprimer leur liberté, ainsi ils ont attaqué le code de la famille qu'ils estimaient en contradiction avec les valeurs islamiques.
Trois semaines après son arrivée au pouvoir, soit au moment où les Iraniennes se préparaient à commémorer pour la première fois la journée internationale des droits des femmes le 8 mars, l'ayatollah Khomeiny déclara obligatoire le port du voile. Et les femmes juges furent interdites de continuer à exercer leur métier.
Malgré les fortes protestations et les manifestations des Iraniennes contre cette violation de leurs droits, tous les aspects de leur vie sociale, politique, économique, législative, et privée furent ensuite dominés par des lois misogynes de l’idéologie islamiste.
L'Etat fît ainsi passer en force de loi les violations des droit des femmes, non seulement au travers du code de la famille mais aussi dans le droit civil et le droit pénal : désormais la femme fût considérée comme pesant la moitié du poids d’un homme, il fallait le témoignage de deux femmes pour égaler celui d'un homme, les femmes n'héritaient que de la moitié de la part dévolue à leur frère, elles ne pouvaient se marier sans l’autorisation de leur père ou bien voyager sans l’autorisation de leur mari.
Il y eut là une véritable machine de guerre lancée à l'assaut des femmes avec un budget colossal octroyé à la police des mœurs.
LA police des mœurs persécuta les femmes par la mise en place de différents plans de sécurité contre le « mauvais hijab2 », au nom de la « sécurité nationale » et de la « sécurité des mœurs » afin d’humilier et de contrôler les femmes et chez elles, leur vie, leur sexualité, leur corps et leur existence.
A chaque fois que le régime islamiste se trouvait dans une impasse politique, ces plans « sécuritaires » se durcissaient contre les femmes.
Contre cet apartheid sexiste islamiste, trois générations de femmes n’ont jamais cessé de lutter. En s’engageant dans des mouvements multiformes, avant tout dans les mouvements politiques et d’ailleurs au détriment de leurs propres revendications.
Mais lors de cette dernière décennie, les femmes en Iran ont pris conscience de leur propres luttes et revendications.
Elles se sont dit que les violences faites aux femmes étaient une forme de violence bien particulière et qui n'avait pour cible que les femmes.
Les hommes engagés dans des mouvements politiques, bien qu'aussi réprimés que leurs camarades femmes sur ce plan de répression politique, jouissaient pourtant de par la loi de tous les droits et privilèges accordés par le régime islamiste sur la vie des femmes, et c’est donc à nous les femmes de lutter dans les mouvements propres et non-mixtes pour faire accepter nos droits et pour changer les lois.
Mais comment peut-on changer les lois dans un pays où le droit lui-même est la première source de violence contre les femmes ?
Ce sont des défis que les femmes iraniennes en exil peuvent plus facilement soulever que les femmes qui vivent actuellement en Iran.
Il faut savoir que les femmes iraniennes en exil ont déjà fondé depuis très longtemps des mouvements politiques féministes en non-mixité.
Cette année 2011 nous fit vivre la 31ème édition d’un de ces mouvements organisés par et pour des Iraniennes.
Cela se passa en Allemagne, lors d'un colloque de trois jours où des femmes Iraniennes venant des quatre coins du monde, d’Iran, des USA, et de toute l’Europe, peuvent se rassembler.
Durant cette rencontre nous discutions et débattions des sujets les plus variés concernant notre vie : la vie en exil, les violences au sein de la famille, nos luttes à l’intérieur de l’Iran mais aussi dans nos pays d’accueil,
l’apartheid sexuel, la place de la religion dans la répression des femmes, la sexualité, le pouvoir politique, l'homosexualité…
En ce qui concerne l’homosexualité en général, l’islam reconnait la sexualité entre un homme et une femme pour que cette dernière « donne du plaisir à son mari » et des enfants. La sexualité est ainsi hétérosexuelle et au service des hommes pour leur offrir du plaisir et des enfants.
Dans toute société, la définition du genre évolue et change constamment.
Les femmes et hommes doivent intégrer et montrer leurs attributs propres dans les sociétés qui définissent ainsi le genre grâce à des différences dans l'apparence physique et les comportements, par exemple des habits spécifiques différenciant les hommes des femmes, du maquillage...
Malgré cette création sociétale des attributs de genre, la croyance populaire dans la stricte dichotomie des sexes reste intacte.
Comme si des femmes et d'hommes sont des faits de la nature, pas de la culture. Or il n'y a rien là de naturel car ces catégories de genre sont des produits culturels et sociaux.
Ainsi une opposition est dressée entre les hommes et les femmes.
Les femmes doivent avoir des habits et des comportement féminins correspondant à l'usage sociétal qu'on veut faire d'elles et les hommes des habits et des comportements masculins également.
Dans les sociétés islamiques, l’ordre du monde trouve son sens dans cette distinction des genres et l'oppression de l'un par l'autre. C’est pourquoi l’islam n’admet rien qui puisse perturber cette distinction.
Il y a une forte pression de ces sociétés pour empêcher la formation d’une identité homosexuelle qui perturberait trop visiblement un concept social rigide et artificiel des rôles et des identités de genre, le seul permettant l'oppression généralisée et la prédation d'un sexe sur l'autre, ainsi ces sociétés islamiques vont jusqu’à ignorer délibérément l’existence de l'homosexualité.
Ce refus de reconnaissance de la part de la société empêche l’existence d’une vie libre.
Par ces pressions, ces sociétés hypocrites et malades découragent toutes les « différences » mais par contraste, supportent toutes les « violations » opérées sur les individus ne remettant pas en cause l’ordre patriarcal.
Etre homosexuel ou lesbienne dans ces sociétés, c’est saboter leur fondement, c’est désobéir et se dérober au système établi.
C’est pourquoi, dès que Khomeiny a pris le pouvoir dans les années 80, il a fait appliquer un « traitement » à cette « anomalie » de l'homosexualité supposée inexistante et a lancé une fatwa autorisant la transsexualité.
Ainsi, l’homosexualité interdite, des milliers de femmes lesbiennes et d’hommes homosexuels ont dû se mutiler et abandonner leurs corps aux bistouris des chirurgiens subventionnés par l'Etat islamiste afin de s’appareiller d’un corps autre que le leur et être autorisés à aimer et à survivre dans la société. Mais leur survie n’est qu’une forme d'enfer.
Ce traitement se veut préserver et perpétuer l’ordre établi.
« Si une femme aime une autre femme, c’est que la nature s’est trompée lors de sa naissance. Elle aurait dû naître homme et l’islam miséricordieux lui permet par un acte chirurgical, de retrouver son salut en devenant un homme.» nous disent des ayatollahs.
Donc on ne change rien à l’ordre sociétal opposant les hommes et les femmes ni à leur statut. On change uniquement les corps. C'est bien plus simple et moins dangereux pour la dictature.
Les femmes qui se changent en homme pour vivre leur homosexualité sont mieux acceptées ! « c’est bon devenir un homme ! ».
Mais les hommes qui aiment d’autres hommes et qui s’abandonnent eux aussi traitements et mutilations chirurgicales sont en général rejetés par leur famille, par les amis et la société. Ils finissent dans la prostitution, ou se suicident, car il perd le statut valorisé de l'homme !
En revanche si une femme homosexuelle refuse d’être mutilée et transformée en homme on peut alors l'appeler une lesbienne et une lesbienne est assimilée à une prostituée dans la culture pornographique de ces sociétés !
Pourtant l’amour lesbien et homosexuel clandestin existe en Iran.
Mais au prix de grands risques.
Les châtiment les plus violents attendent les lesbiennes ou les homosexuels découverts : procès et condamnation à mort.
On a pu le constater après des déclarations provenant de dirigeants du régime islamiste qui font froid dans le dos : le président Ahmadinejad présent à l'Université de Columbia aux Etats-Unis où il était invité a déclaré : « En Iran, nous n'avons pas d'homosexuels comme dans votre pays ! » « Nous n'avons pas ce phénomène, je ne sais pas qui vous a dit que cela existait chez nous !» a-t-il ajouté.
Puis il y a eu en février 2011 ses récentes déclarations sur l’homosexualité dont il a dit qu’elle était « contre l’esprit humain et contre l’humanité » et qui montre à quel point est profonde l’aversion de ce régime envers l’homosexualité.
Pour parler de faits concrets et non seulement de déclarations concernant l'homosexualité, le régime islamiste en place n’a pas lésiné depuis 1979 sur les moyens d'instrumentaliser l'homosexualité en tant qu'outil commode de répression et de consolidation des bases de son pouvoir islamiste en condamnant à mort nombre d'écrivains et de dissidents au nom d’une véritable ou d'une totalement fausse accusation d’homosexualité.
En novembre 2010 à Frankfort nous avons tenu le premier mouvement de lesbiennes iraniennes venues d’Iran, d’Europe et d’Asie pour enfin nous retrouver et partager nos expériences, nos espoirs…
Vivre en étant lesbienne dans une société patriarco-théocratique où toute femme n'a tout simplement pas le droit de vivre seule, où elle n’a aucun droit, ne peut voyager ni prendre une chambre dans un hôtel sans être obligée de se présenter aux autorités locales, puisqu'une femme seule est considérée comme une menace contre l’ordre social en Iran, laisse présager que c’est une mission presque impossible !
Beaucoup de lesbiennes passent plusieurs fois par la case du mariage pour enfin prendre conscience ou pas de leur homosexualité
Parmi les lesbiennes certaines ont subi la prison et beaucoup le mariage forcé, ce qui veut dire le viol quotidien... Et beaucoup de lesbiennes, par manque d'éducation et de connaissance ou de reconnaissance, ne comprennent pas leur amour pour d'autres femmes, et éduquées dans une religion de la haine de l’homosexualité, elles se suicident parfois en s'immolant.
Parfois lorsqu'elles osent en parler à un médecin, on leur propose éventuellement de prendre des médicaments ou de passer par la chirurgie pour guérir de leur « maladie ».
Plus souvent on leur ordonne de renforcer leur foi et de prier pour retrouver la santé morale.
Très souvent elles sont exclues des universités et on leur interdit ainsi de continuer des études.
Certaines lesbiennes sportives de haut niveau sont obligées de prendre de soi-disant traitements hormonaux curatifs de leur homosexualité et se retrouvent de fait exclues de leurs clubs lors des tests pour dopage et privées à tout jamais de pratiquer leur passion pour le sport.
Toutes les routes sont barrées en Iran pour une femme qui en aime une autre dans cet Etat islamiste.
Aujourd’hui une des raisons importantes de la fuite des jeunes femmes iraniennes en exil est l’homosexualité. Mais même une fois le statut d'exilée décroché par les lesbiennes en exil, ces dernières sont encore forcées à l'invisibilité (à ne pas pouvoir faire leur coming out) par crainte que des représailles ne soient exercées sur leurs proches restés en Iran.
Dans une société où un Dieu au regard vengeur, menaçant et culpabilisant, est présent dans tous les recoins de la vie des femmes, où toutes les forces de répression policière sont déployées pour les empêcher de se reconnaitre en tant que sujet, êtresses libres, dans une société ou elles subissent les pires des châtiments parce qu’elle aspirent à l’émancipation et à la libération, être une lesbienne c'est devoir parcourir un chemin chaotique que certaines femmes choisissent néanmoins pour en aimer d’autres et pour se défendre d'une hétérosexualité qui leur est imposée par la force.
En conclusion :
Nous devons ouvrir des espaces dans nos vies privées et publiques.
Nous devons casser l'emprise de la communauté, des traditions, de la religion sur l'individu-e afin que les lesbiennes ne soient pas contraintes et condamnées au silence, à la dissimulation, aux mutilations chirurgicales ou à la peine de mort.
Avril 2011-
Ana PAK
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