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La « nuit du sport féminin 2011 » : un pari culturel

Anabelle Got et Bérangère Sapowicz. Au dessus d’elles, sur l’écran, l’image du livre « L’Année du Sport Féminin – 2011 » (Photo YPB/Sportiva-infos).

C’était la deuxième édition de cet événement créé par l’agence de presse Sportiva-infos et la maison d’édition dfO- LES EDITIONS. Placé sous le haut patronage du ministre des sports, la « nuit du sport » s’est déroulée le 8 décembre 2011 à Paris, au Musée du Sport.

A l’approche de Noël, dans une ambiance déjà festive, ce rendez-vous est un moment rare où des journalistes de métier passionné(e)s de sport féminin présentent un livre luxueusement broché, « l’Année du Sport féminin  (à acheter de toute urgence !), lancent des débats avec des sportives de haut niveau et tentent de  provoquer  les réactions du public en invitant des artistes à s’exprimer à travers le théâtre, la peinture et la photo.

Cette année, le cinéaste iranien auteur du film « Salam rugby », consacré à la pratique du rugby féminin en République Islamique d’Iran, avait également été invité. Son film, d’une qualité exceptionnelle, récompensé par de nombreux prix, n’est pourtant toujours pas largement diffusé (un scandale !).


Quel débat faut-il viser ?

La soirée était organisée autour des témoignages de sportives, avec un habile meneur de jeu, le journaliste Sylvère-Henry CISSE qui avait pour mission de mettre à l’honneur :
Le foot et le hockey à travers l’expérience de deux gardiennes de but Anabelle Got, EDF Hockey gazon et Bérangère Sapowicz, EDF foot  (cf. photo plus haut) ;
Les sports de l’extrême et le dépassement de soi avec Cécile Traverse, préparatrice mentale et Laurence Klein, championne du monde 2011 en équipe trail et Claire Petit, alpinisme et escalade ;
Le sport féminin et le rapport aux médias avec un représentant du journal l’Equipe & Myriam Lamare, championne du monde de boxe et Anaïs Lagougine, capitaine EDF rugby 7 ;
Encore la boxe avec l’intervention d’une autre championne du monde, Sarah Ourahmoune.

Les interventions théâtrales de la Compagnie Trimaran, sont venues ponctuer la soirée qui s’est terminée par la séance de « live-painting » de Kouka, sans oublier l’expo photo, Isabelle Picarel et Cédric Poulmaire.

Dire que les organisateurs et le meneur de jeu ont « tenté » de lancer le débat est une façon d’exprimer un regret : pourquoi les sportives à la tribune n’ont-elles pas saisi la perche qu’on leur tendait pour se « lâcher » un peu ? Car s’il y a un domaine où l’invisibilité des femmes et les inégalités de traitement entre les hommes et les femmes sont criantes, c’est le sport. Alors on aurait voulu les entendre rappeler que cette année le Tour féminin cycliste a été supprimé faute de sponsors, dans l’indifférence générale … que le Parc des Princes a été refusé aux footballeuses alors que les Bleues ont montré leur « héroïsme » et leurs réussites lors du mondial ! Ou encore d’autres exemples de ce que vivent les sportives.

Peut-être (et même sans doute) se sont-elles dit que ce n’était pas le lieu d’en parler puisque les organisateurs font partie de ceux qui justement veulent mettre en valeur le sport féminin ? On peut aussi se demander pourquoi la question ne leur a pas été posée plus directement.

La problématique de la médiatisation du sport féminin et de l’impact que cela peut avoir sur la pratique quotidienne comme sur l’engagement des femmes dans les postes à responsabilités est un sujet majeur. Pour que les sportives s’en emparent avec plus de combativité nous avons bien l’intention de l’explorer plus avant par le biais du réseau européen développé par Sport et Citoyenneté et en s’appuyant notamment sur l’expérience de Femix.

Une pépite

Ce fût l’extrait du film « Salam Rugby » et les quelques mot prononcés par son auteur et réalisateur, Faramarz Beheshti, la voix nouée, s’excusant de recevoir des prix pour avoir montré l’image de la souffrance et de l’humiliation des sportives dans son pays !

Un film magnifique, qui ne réussit pas à être correctement distribué en France, et qui montre les conditions ahurissantes d’entrainement de ces femmes en République Islamique d’Iran : le corps totalement emmitouflées dans un hijab, jouant la plupart du temps en intérieur, dans un hangar au sol cimenté, si dur qu’elles se font régulièrement des fractures : quand elles ont accès aux pelouses en extérieur c’est que les hommes sont partis déjeuner, et que le soleil de plomb paralyse les énergies… un film qui montre de façon lumineuse qu’accepter dans les stades le costume islamiquement correct, sous prétexte de « respect de la différence », n’est pas une voie de progrès pour les femmes musulmanes mais une insulte pour toutes les femmes.

Le livre

Il s’agit du seul « annuel » consacré au sport féminin, une exception qui mérite d’être notée. Riche en photos et en contenu, il couvre la saison 2010-2011 et il est préfacé par Lucie Décosse.

Les évènements notables n’ont pas manqué : l’or de Maureen Nisima au Grand Palais, la folie foot - avec l’OL et les Bleue -t la razzia du judo en août à Bercy. Trois moments magiques sur lesquels L’Année du sport féminin 2011 revient avec les principales intéressées.

Ce sont aussi les performances et les aventures des sportives françaises auxquelles l’édition 2011 consacre reportages et interviews. Boxe, athlétisme, plongeon, natation, hockey sur gazon, handi-aviron, trail, rugby, badminton, volley, voile avec le portrait d’une femme qui a bénéficié du programme européen WILD. Basket, squash, surf, handball… sont également mis en lumière.

Les problématiques liées aux pratiques féminines font l’objet des réflexions et des témoignages de dirigeantes et d’actrices majeures du sport féminin aujourd’hui, dont le portrait … d’une membre de Femix’Sport : Carole Bretteville !


Par Annie Sugier, Carole Bretteville et Carole Ponchon (Ligue du Droit International des Femmes, Femix’Sports et Sport et Citoyenneté)

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