Formation sur « Femmes et Sport »
Formation de la Coordination Française pour le Lobby Européen (CLEF) des femmes sur « Femmes et Sport ».
Objet : Compte-rendu de la journée du 28 janvier 2012
Rédactrice : Annie Sugier, présidente de la Commission Femmes et sport de la CLEF et de la Ligue du Droit International des Femmes (LDIF)
Résumé
L'organisation d'une formation sur le thème »femmes et sport » constituait une première à la CLEF. L’objectif était de donner une vision à aussi complète que possible du sujet, y compris dans ses dimensions historique, sociétale et politique, tout en envisageant la façon de faire bouger concrètement la situation.
Deux thèmes principaux étaient développés (cf. programme joint) :
(1) l’historique de l’entrée de femmes et de leur progression au sein de l’Olympisme moderne. La présentation débouchait sur une table ronde consacrée aux stratégies d’actions notamment en vue de Londres 2012 ;
(2) le sport comme outil pour penser la mixité. La présentation débouchait sur une table ronde consacrée à cette question.
Des expertises d’horizons différents.
Deux grandes sportives sont intervenues lors des tables rondes: la navigatrice Anne-Liardet, qui a fait la plupart des grandes courses (notamment Transat Jacques Vabre, Vendée Globe, Route du Rhum, etc.) et la boxeuse (boxe anglaise, poids mouche), Sarah Ourahmoune, , championne du Monde 2008, Vice championne d’Europe 2011, championne de France 2012, étudiante à Sciences Po,, éducatrice dans son club.
Les oratrices qui ont présenté les deux thèmes principaux étaient, pour l’Olympisme, Carole Brettteville, Présidente de la Commission Femmes et sport de la Fédération Française du sport d’entreprise, membre de Femix’Sport, membre du comité directeur d’EWS ( European Women and Sport) et, pour la mixité, Fabienne Gillonnier, enseignante EPS, STAPS, Université de Savoie.
Les tables rondes étaient animées successivement par Annie Sugier, présidente de la LDIF et par le journaliste Jacques Cortie, qui a lancé avec Yaneth Pinilla l’Agence Interactiva, Sportiva-Info, la Nuit du sport féminin et le livre l’Année du sport féminin.
Participaient aux tables rondes, Malik Badsi, créateur de Yoola, entreprise dont le but est rendre accessible aux personnes handicapées les grands événements sportifs, Nina Charlier, Professeure d'EPS, responsable de la commission femme du Syndicat National de l'éducation Physique (SNEP), qui en outre accueillait la formation dans les locaux du SNEP, Carole Ponchon, chef du projet Europe de la « think tank » Sport et citoyenneté, qui publie une revue scientifique et a lancé une plateforme d’échange sur femmes et sport.
Enfin, la formation était clôturée par le point de vue d’une « grande témoin », Anne-Marie Lizin, Présidente honoraire du Sénat Belge.
Un contenu et des débats d’actualité
Le tableau brossé par Carole Bretteville sur les valeurs et les règles de l’Olympisme arrive à point nommé en cette année Olympique. Son analyse est fondée sur l’examen systématique de l’évolution des différentes versions de la Charte, On retiendra notamment que le mot femme n’y apparaît qu’en 1924 et que les sportives ne font leur entrée dans l’athlétisme qu’aux JO de 1928.On retiendra aussi que cette entrée n’est pas l’effet du hasard mais le résultat d’une lutte acharnée qui se poursuivra afin d’accéder à la totalité des sports.
Au cours du débat, l’accent a été mis sur les combats qu’il faut encore à mener – et qui sont présentés dans la brochure « Londres 2012 : Justice pour les femmes » - ainsi que sur la relation, souvent indirecte mais indéniable, entre les grandes vagues du mouvement des femmes et la pénétration des femmes dans le monde sportif.
Dans sa présentation sur la mixité, Fabienne Gillonnier, a rappelé les origines du mot et la façon dont la mixité s’est invitée dans certaines sociétés (et pas dans d’autres), citant G.Fraisse selon laquelle il s’agit d’une « expérience propre à l’espace démocratique ». La question étant de savoir comment le sport organise cette expérience. Prenant l’exemple des « Cours d’orientation », elle identifie les différences qui s’observent dans les comportements des garçons et des filles et montre comment on peut faire évoluer ces différences à condition d’en avoir conscience.
Au cours du débat, l’accent est mis sur le faux choix auquel sont confrontés les enseignants EPS : capter l’intérêt des garçons ou celui des filles : majoritairement ils choisissent la première option pour avoir la « paix sociale », au lieu de construire la mixité et de déconstruire les stéréotypes.
Autre sujet de débat, les discriminations dans le sport de haut niveau (les réclamation de la part des intéressées sont épinglées par les fédérations…..). Dans la pratique de la voile : les difficultés viennent non pas des autres marins, mais de tout ce qui entoure la compétition, notamment lors de la chasse aux sponsors.
Enfin, débat vif autour de la stratégie qui consiste à aller vers ceux et surtout celles qui sont les plus éloignées du sport, s’adapter à la demande des femmes, (elles ne vont pas vers les clubs, sport pour tous versus sport de compétition,…), débat également autour de l’utilisation du « business » pour atteindre de bons objectifs.
Intervenant en clôture du débat, Anne-Marie Lizin, s’appuyant sur son expérience de maire d’une ville en Belgique, qui accueillait régulièrement la Flèche wallonne, précise qu’une épreuve féminine était organisée avant l’épreuve masculine, mais qu’aucun média ne rendait compte de la première, si bien qu’elle a fini pas être supprimée. L’oratrice n’hésite pas à affirmer « le sport est un lieu de machisme profond où l’on s’autorise même l’insulte» et que « dans le foot, c’est là que le petit garçon sent ce qu’il peut faire dans la société ».
Elle souligne les différents niveaux de l’action de contestation à mener : non seulement sur le terrain, comme cela a été montré au cours de la formation, ou vis-à-vis de la sous-médiatisation du sport féminin, mais à l’égard des Fédérations et de leur comportement politique, tout autant qu’à l’égard des Etats qui, au nom de principes religieux, veulent contrôler ( refuser ou limiter) le droit des femmes à faire du sport, ce que le président Rogge n’osera jamais contester.
Enfin, Anne-Marie Lizin conclut que les JO de Londres sont un objectif en soi qu’il est impératif d’y faire entendre nos revendications.
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