L’enjeu de la féminisation des fédérations sportives
Une excellente itw de la nouvelle présidente de Femix parue dans EGALE du 12 octobre, à quelques jours du colloque du 16 octobre sur la féminisation des instances dirigeantes des fédérations sportives, avec à la base un très grand travail d'enquête.
"La gouvernance des fédérations est au cœur des débats dans les fédérations. Et cette année olympique, synonyme de renouvellement des instances dirigeantes au sein des fédérations sportives, est une occasion propice d’évaluer le chemin parcouru en ce qui concerne l’accès des femmes aux postes à responsabilité".
Publié le 12 octobre 2012 par Égalité
Vous organisez le 16 octobre prochain, un colloque sur la féminisation des instances dirigeantes des fédérations sportives. Quel est l’objectif de ce colloque ?
La gouvernance des fédérations est au cœur des débats dans les fédérations. Et cette année olympique, synonyme de renouvellement des instances dirigeantes au sein des fédérations sportives, est une occasion propice d’évaluer le chemin parcouru en ce qui concerne l’accès des femmes aux postes à responsabilité.
Depuis plus de 10 ans, de nombreuses préconisations issues de colloques et groupes de travail ont été formulées, induisant parfois de nouvelles dispositions réglementaires dont l’application reste diversement effectuée.
Aujourd’hui avec l’organisation de ce colloque Fémix souhaite donner un éclairage objectif des avancés au cours de ces 10 dernières années. Nous aurons peut-être quelques surprises.
Avez-vous enquêté sur la place, le rôle des femmes dans les fédérations sportives ? Pouvez-vous donner des chiffres ?
Nous avons adressé une enquête à 104 fédérations : olympiques, non olympiques, multisports. 35 fédérations ont répondu à notre consultation dont 7 fédérations olympiques.
D’une manière générale, les femmes sont les plus nombreuses à occuper les postes de vice-présidente ou d’adjointe.
Concernant les plans de féminisation, 18 fédérations déclarent avoir mis en place un plan de féminisation, 14 fédérations déclarent n’en avoir pas mis en place et 3 fédérations n’ont pas répondu à la question.
Concernant l’inscription des plans de féminisation dans le cadre de la convention d’objectif avec le ministère des Sports : 12 fédérations n’ont pas répondu, 13 précisent l’avoir inscrit dans leur convention d’objectif et 10 indiquent que non.
Pensez-vous que plus de femmes en responsabilité dans les fédérations permettrait de lutter contre les maux que vit le sport masculin ?
Nous pensons que la notion de mixité dans les postes à responsabilité tant dans l’encadrement technique que dans les instances dirigeantes permettrait effectivement un management plus équilibré. D’ailleurs de nombreuses entreprises privées sont depuis quelques années dans cette démarche de mixité et ont une politique volontariste .
Trouvez-vous que les femmes sportives sont aujourd’hui plus visibles dans les médias ?
En 2007 Fémix’Sports avait organisé un colloque sur la médiatisation des sportives de haut niveau, aujourd’hui nous n’avons pas de chiffres complémentaires pour être objectif .
Les résultats de cette enquête étaient éloquents. Sur un total de 2 658 articles de sport parus dans les journaux (L’Equipe, Le Parisien, Le Figaro, Le Monde) le nombre d’articles concernant le sport féminin était de 113 (4,25%). 46 photos (6 ,7%) sur 687 étaient des photos de sportives.
Chantal Amade-Escot (1) affirmait lors de ce colloque :
« A palmarès égal, les statistiques mettent en évidence beaucoup moins de reportages autour des résultats féminins même lorsqu’ils concernent des épreuves majeures. De plus la mise en scène journalistique des sportives diffère aussi totalement de la façon dont, en général, est présenté le sportif et commenté le sport masculin. C’est leur vie privée et leur forme ou esthétique corporelle qui sont plus souvent discutées, bien plus que ne le sont leurs performances »
Malheureusement aujourd’hui nous ne sommes certainement pas très loin de ces statistiques. Le développement du sport féminin ne peut se passer de la médiatisation de nos championnes.
Quels sont les prochains enjeux de Femixsport ?
Nous souhaitons que ce colloque soit véritablement un nouveau point de départ pour notre association. Les membres de l’association ont une réelle expertise. Nous allons déployer Fémix’Sports dans les régions afin d’être plus efficient. De plus la reconnaissance par le ministère des sports de notre expertise va nous permettre de travailler en étroite collaboration avec la direction des Sports. Nous faisons déjà partie de groupes de travail au ministère des Sports.
Trouvez-vous un écho à vos actions auprès des associations qui se battent pour les droits des femmes ?
Après ce colloque Femix ‘Sports et son nouveau comité directeur vont poursuivre et renforcer leur collaboration avec les différentes associations. Le cœur de nos actions et réflexions restera Femmes Mixité Sports. Nous sommes à la disposition des associations qui souhaitent notre participation dans le cadre d’actions qu’elles mèneraient à l’avenir sur cette thématique. Nous sommes complémentaires, chacune ayant un champ d’interventions et d’expertise bien affiché.
Propos recueillis par Caroline Flepp — EGALITE
(1)Professeure des universités. En 1991, elle a soutenu la première thèse de didactique de l’EPS.
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