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LA PARITÉ AU SOMMET DES FÉDÉRATIONS, C'EST MAINTENANT ?

Sportiva se penche sur le sujet.

Texte : Amina Hamoum.

Valérie Fourneyron a donné leur feuille de route aux présidents des fédérations. Objectif : parité au sein des comités directeurs. 2013 étant une année post-olympique, quelques fédérations ont déjà réélu leur président ainsi que leurs instances dirigeantes, mais, pour la plupart, les élections auront lieu ces prochains mois. L’objectif sera-t-il respecté ?

Pour l’heure, parmi les fédérations olympiques, seule la Fédération française d’athlétisme (FFA) et la Fédération française de natation (FFN) ont appliqué la parité au sein de leur comité directeur. Le président de la FFA, Bernard Ansalem, a présenté le 7 décembre 2012 l’équipe dirigeante. Sur les quatorze membres élus, il y a une parité parfaite (sept femmes, sept hommes). Mais ces cas sont des exceptions, et la route est encore longue avant que la parité au sein des instances dirigeantes des fédérations devienne courante.

Aujourd’hui, seule la proportionnalité entre féminisation des instances dirigeantes et nombre de licenciés est obligatoire. Or, selon les chiffres du Ministère des Sports, de la Jeunesse, de l’Éducation populaire et de la Vie associative, 75% des fédérations agréées ne respectent pas cette règle. Cette non-application s’explique par un manque de volonté des fédérations ou tout simplement parce que cela leur causerait plus de tort, notamment pour les sports moins développés.

Le cas de la Fédération française de baseball et de softball (FFBS) illustre cette situation. Cette fédération compte environ 10 000 licenciés, et ce sport rencontre des difficultés à se développer en France. Constituée de bénévoles, la FFBS, si la parité devenait obligatoire, ferait face à un énorme problème pour la composition de ses instances dirigeantes. Aujourd’hui, on ne se bouscule pas au portillon pour participer à la vie de cette fédération. Alors homme ou femme, l’enjeu n’est pas là, pour l’instant.
La FFBS n’est qu’un exemple. Mais ailleurs, des voix s’élèvent, et dénoncent une discrimination positive si cette mesure venait à être appliquée. En effet, une femme moins compétente pourrait être nommée dans un comité directeur aux dépens d’un homme qui, lui, a toutes les compétences requises.

Un manque de volonté ?

Le manque de volonté de la part de certaines fédérations est également l’une des raisons pour lesquelles cette mesure pourrait échouée. La Fédération française de football (FFF), dont les élections se sont tenues le 15 décembre 2012 (quelques jours après la notification officielle de Valérie Fourneyron aux différentes fédérations intervenue le 5 décembre), a vu une seule femme (Brigitte Henriques, au poste de secrétaire générale) nommée au sein de son comité exécutif, sur dix membres au total.

Officiellement, les listes candidates ont été déposées au plus tard le 15 novembre 2012. Il aurait donc été impossible de les modifier à quelques jours du scrutin. Mais lorsque l’on consulte la feuille de route du Ministère des Sports, on apprend qu’il y a eu un « Envoi par la ministre, début octobre 2012, à toutes les fédérations sportives, d’une lettre d’orientations en vue de la formalisation des Conventions d’objectifs ». Ces orientations précisent les priorités dans lesquelles doivent s’inscrire les projets fédéraux retenus dans les Conventions d’objectifs. Parmi ces priorités figure explicitement "l'accès des femmes aux responsabilités à des postes clés de la fédération à l’occasion du renouvellement des équipes fédérales". A l’occasion de leur renouvellement en 2013 et 2014, les conventions d’objectif entre l’État et les fédérations sportives exigeront que la place des femmes dans les instances dirigeantes soit à l’image de leur part parmi les licenciés (près de 30% en moyenne dans les fédérations unisport, 52% dans les fédérations multisports) et inciteront les fédérations à tendre vers la parité ».

La plupart des élections des autres fédérations ont lieu au printemps. Il sera à ce moment-là possible d’établir si oui ou non la volonté de Valérie Fourneyron trouve un écho, mais d’après les premiers éléments recueillis, il y a de fortes chances que ce soit un échec.

A.H.

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