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Pour en finir avec la prostitution

au moment où l'Allemagne réalise que sa loi legalisant les bordels est un échec pour la protection des prostituées et que le modéle radicalement abolitionniste de la Suède est une réussite, l'Union Européenne organisait un forum avec la société civile sur le thème de la lutte contre le trafic des êtres humains.

Voir ci-joint la déclaration du Lobby Européen des Femmes à ce propos. Aspect positif du forum : étape importante pour la suite du travail engagé par Myria Vassiliadou coordonnatrice anti-trafic des êtres humains’ de la Commission Européenne. Aspect négatif: il est apparu clairement que parmi les ONG invitées, certains privilégiaient les thèmes 'droit du travail' et 'situation des migrants' sans vouloir tenir compte des chiffres démontrant que le problème le plus massif est celui de l’exploitation sexuelle et qu’il touche à 80% les femmes".

Compte rendu Annie Sugier
Le 1er juin 2013

Première réunion de la 'Plate forme de la société civile de l’UE sur le Trafic des êtres humains'
(Bruxelles, 31 mai 2013)

Objet : lancement de la plate forme. Celle-ci est définie comme un forum permettant l’échange d’expériences et une meilleure coordination et coopération entre les acteurs clés de la lutte contre la traite des êtres humains.

Déroulement de la journée : animée par Myria Vassiliadou, la ‘coordonnatrice anti-trafic des êtres humains’ de la Commission Européenne, la journée était consacrée, (1) le matin aux exposés des représentants des instances politiques de l’UE, (2) l’après midi à trois ateliers (priorités, pays tiers, internet). La réunion se terminait par la présentation des résultats des ateliers et par les conclusions de la coordinatrice.

Participant(e)s de la société civile : plus de cent ONG avaient été invitées. Pour autant la candidature d’un grand nombre d’associations n’avait pas été retenue, les organisateurs ayant souhaité à la fois limiter les participants et respecter une certaine variété dans l’objet des ONG invitées (droit des femmes, lutte contre le racisme, défense des travailleurs, soutien aux immigrés, lutte contre l’exploitation sexuelle, défense des enfants,..). Parmi ces associations des coordinations nationales du Lobby Européen des Femmes. Il n’y avait pas à ma connaissance d’ONG défenseures du travail sexuel.

Quelques infos relevées :

Cecilia Malmström (Commissaire Home Affairs) a souligné qu’une évolution (« shift ») notable s’était produite concernant le trafic des êtres humains :«  ce sujet n’est plus tabou, il est considéré au plus haut niveau, il y a une directive, une stratégie et la reconnaissance du rôle primordial de la société civile (…) Pour la première fois un rapport a été publié (et de citer les chiffres correspondants) »
Annonce que 9 pays ont transposé la totalité de la directive, 5 partiellement, soit au total 1/3 des pays, ce qui est peu, mais la directive ne date que de 2011..
Livia Jaroka (membre du PE) a fait le lien avec les problèmes de la pauvreté et souligné le cas particulièrement préoccupant des femmes Roms.
Béatrice Ouin (CFDT et membre du Comité Économique et Social Européen) a sans doute été la plus radicale, soulignant la nécessité de distinguer le trafic pour exploitation sexuelle des autres formes de trafic, mettant l’accent sur la dimension de genre, affirmant qu’il faut s’attaquer à la demande (« aussi longtemps qu’il y aura une demande il y aura des trafiquants » et « les trafiquants sont une nébuleuse ce qui n’est pas le cas des victimes et des clients »).

Questions / réponses aux intervenants :
En tant que représentantes des coordinations nationales du LEF, nous avons saisi l’occasion des questions réponses, pour faire de la déclaration du LEF.
En ce qui me concerne, j’ai souligné que dans leurs exposés les décideurs n’avaient jamais prononcé le mot « prostitution », ni « système prostitutionnel », alors même que les chiffres de l’étude de la CE, cités à plusieurs reprises, montrent que la majorité du trafic a pour objet l’exploitation sexuelle et que c’est bien à la demande, donc au client, qu’il faut s’attaquer.
A ce propos, la coordonnatrice de la CE a fait remarquer que la Directive, stipule que les États Membres doivent la réduire.


Impression générale et suite de l’opération :

1. Positif : globalement cette réunion a été sans aucun doute une étape importante pour la suite du travail engagé par Myria Vassiliadou en tant que coordonnatrice nommée par la CE. Elle a indiqué qu'il était en effet essentiel pour l’efficacité de son action d’une part qu’elle montre aux décideurs l’intérêt manifesté par la société civile et d’autre part qu’elle montre aux ONG sa capacité à mobiliser les autorités politiques de l’UE. Ce pari elle l'a réussi.
Myria Vassiliadou qui a mené les débats avec conviction et intelligence, a annoncé qu’il y aurait deux réunions par an. La deuxième réunion de cette année aura lieu en automne et sera centrée sur des thèmes plus précis.
Un compte rendu sera rédigé et mis sur le site de la Commission.

2. Négatif : à travers les questions et interventions des participant-e-s, il est apparu clairement que certains privilégiaient les thèmes 'droit du travail' et 'situation des migrants' sans vouloir tenir compte des chiffres démontrant que le problème le plus massif est celui de l’exploitation sexuelle et qu’il touche à 80% les femmes, bien que cela ait été répété à plusieurs reprise pendant la réunion.

Contenu du dossier distribué :
Concept note
List of participants
Short biographies of the speakers
Directiven2011/36/EU of the EP and the Council of 5 4 2011 on preventing and combating trafficking in human beings and protecting its victims
The EU strategy towards eradication of trafficking in human beings (2012-2016)
Council conclusions on the EU strategy towards eradication of trafficking in human beings (2012-2016)
Second report on the implementation of the Action Oriented Paper
Human Trafficking in the EU, slavery of our times, hundreds of thousands of victims trafficked across the EU each year (PPT avec les résultats de l’étude)
The EU rights of victims of trafficking in human beings


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First meeting of the EU Civil Society Platform on trafficking in human beings, 31 May 2013 - Statement of the European Women’s Lobby and its participating member organisations

Women’s organisations expect EU Civil Society Platform to address prostitution as the root cause for trafficking in women and girls
Brussels, 29 May 2013

The EU Civil Society Platform on trafficking in human beings will hold its first meeting on 31 May 2013 in Brussels. The European Women’s Lobby (EWL) and its participating members warmly welcome the initiative of the EU Anti-Trafficking Coordinator to involve civil society organisations in a constructive dialogue with the European Commission (EC), in the framework of the EU Strategy on trafficking. In particular, they see their inclusion in the Platform’s work as a strong political sign that the European Commission acknowledges the urgent need to address the gendered nature of trafficking and the root causes of trafficking in women and girls, namely gender inequalities.
Trafficking in women and girls is directly linked to systems of prostitution globally and all over Europe. New data unveiled by the European Commission on 15 April 2013 support this analysis: the majority of the identified and presumed victims are trafficked for sexual exploitation, that is prostitution (62%); women and girls account for 80% of identified and presumed victims. In addition, 84% of suspected traffickers traffic human beings for sexual exploitation.1 In its answer to the parliamentary question E-008411-12 of Member of the European Parliament (MEP) Inês Zuber, the European Commission said that it “acknowledges the interplay between prostitution and trafficking in human beings”.

The European Commission recognizes that trafficking in women and girls is a form of violence against women, and therefore an obstacle to equality between women and men.3 In its Strategy for Equality between women and men (2010-2015), the European Commission states that “Inequalities between women and men violate fundamental rights” and that “The Union is bound to strive for equality between women and men in all its activities”.4 The EWL and its members therefore expect from the European Commission to work with participants of the Platform on the ways to end sexual exploitation and prostitution, which are fueling trafficking in women and girls in and to Europe.

In this perspective, one key role of the EU Civil Society Platform should be to address the reality of prostitution and its impact on equality between women and men, in order to contribute to the fight against trafficking in human beings for the purpose of sexual exploitation. The EWL and its members will actively propose to develop concrete measures to stop the demand for prostitution and to strengthen mechanisms to protect women and girls victims of sexual exploitation and trafficking. They also look forward to ways for the Platform to involve EU Member States in a European-wide discussion on the links between trafficking in women and girls and systems of prostitution in Europe.

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