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Femen : Une forme de procès en sorcellerie

Les trois Femen européennes devant le ministère de la Justice à Tunis le 29 mai (Photo Anis Mili. Reuters)

Interview Ivan Terel, l'un des avocats français des trois jeunes Européennes condamnées hier à quatre mois de prison ferme à Tunis, dénonce une peine «largement disproportionnée».
Par CORDÉLIA BONAL

Les trois militantes Femen qui avaient été arrêtées pour avoir manifesté seins nus à Tunis en soutien à la Femen Amina Sboui, ont été condamnées mercredi à quatre mois de prison ferme «pour atteinte aux bonnes mœurs et à la pudeur». Les deux Françaises, Pauline Hillier et Marguerite Stern, et l'Allemande Josephine Markmann sont emprisonnées dans une établissement pour femmes proche de la capitale tunisienne depuis le 29 mai. Ivan Terel, l'un des deux avocats français des trois jeunes femmes, dénonce une atteinte à la liberté d'expression.
Vous attendiez-vous à de la prison ferme ?

On savait que la peine maximale était de six mois. Le tribunal cantonal de Tunis n’est pas allé jusque-là mais a fait le choix d’une peine très lourde, largement disproportionnée au regard des faits. Comment l’expliquer ? Ils ont vraisemblablement voulu condamner la liberté d'expression. La semaine dernière, l’audience avait été reportée sous la pression d’une quinzaine d’associations conservatrices et islamiques extrêmement virulentes. C’est cette pression qui peut expliquer la sévérité de ce jugement qui est une forme de procès en sorcellerie, de délit de blasphème. Ce que l’on reproche à ces trois jeunes femmes, ce n’est pas d’avoir dégradé des biens ou attaqué quiconque, mais de s’être exprimées. Elles ne sont en aucun cas dans une forme de croisade anti-islam ou de néo-colonialisme comme certains cherchent à le faire croire, elles ont simplement exprimé leur soutien à Amina et voulu défendre la cause de femmes. Ni plus ni moins.
Un appel est-il prévu ?

Oui, les avocats tunisiens aux côtés desquels nous défendons les trois jeunes femmes interjettent appel ce jeudi matin-même. Nous ne savons pas encore quand pourra avoir lieu l’audiencement. Les familles et nous-mêmes sommes très mobilisés pour qu'il intervienne le plus rapidement possible.
Comment ont réagi les trois jeunes femmes ?

Le système tunisien ne permet pas de contact direct entre les avocats et leurs clients lors de l’audience, ni avant ou après. Nous n’avons donc pas été en mesure de leur parler directement. Lorsque nous les avons vues la semaine dernière à la précédente audience, elles gardaient le moral, malgré une détention dans des conditions qui ne sont pas les pires mais qui leur sont forcément difficiles, dans un pays qui leur est étranger.

 Lien : http://www.liberation.fr/monde/2013/06/13/femen-une-forme-de-proces-en-sorcellerie_910540

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