Trois reponsables de la LDIF ont présenté la priorité du combat féministe au niveau européen
Trois reponsables de la LDIF ont présenté la "priorité du combat féministe au niveau européen" lors des 3èmes rencontres des FEM à Nanterre
(Photo: de droite à gauche: Anne-Marie Lizin, Françoise Morvan, Annie Sugier)
- Anne-Marie Lizin, présidente honoraire du Sénat Belge et ancienne ministre des Affaires Européennes : vue historique sur la question du droit des femmes dans le cadre européen,
- Annie Sugier, présidente de la LDIF, : quel critère pour le choix d'un thème prioritaire dans la lutte pour le droit des femmes en Europe ? Pourquoi le droit à l'IVG ?
- Françoise Morvan, :membre du bureau de la LDIF : freins dans l'accès au droit à l'IVG en Europe, perspectives de combat, articulation avec la laïcité comme principe émancipateur.
Résumé/Contexte :
On pourrait penser qu'au sein de l'Union Européenne, les femmes ayant la chance, au moins formellement, d'être reconnues légalement comme les égales des hommes, l'essentiel du combat à mener doit être centré sur les inégalités persistantes sur le terrain, dans le quotidien des femmes ( inégalités économiques, non respect de la parité et violences de tous ordres contre les femmes..)
Certes, ce combat là, il faut continuer à le mener – sans doute davantage au niveau national qu'européen – avec les outils juridiques et légaux qu'on a obtenus..Mais il faut être conscient-e-s que, à moins que les femmes massivement descendent dans la rue, les instances européennes tout autant que les gouvernements, continueront à noyer le poisson, ce qui est facile sur une palette aussi large de revendication.
A ne pas choisir de véritable priorité dans le cadre européen on risque de prolonger l’invisibilité du mouvement féministe, la dispersion des efforts dans un lourd travail de suivi des multiples conférences, résolutions, communications, rapports produits et au total une photographie globale de la situation des femmes qui n'évolue pas, voire qui régresse notamment du fait de la crise économique..
D'où l'urgence de proposer une stratégie qui mette les États au « pied du mur » Il s'agit de pointer une situation intolérable que les États de l'Union Européenne ont les moyens de régler très rapidement par l'harmonisation des lois. La situation la plus flagrante est celle de la non reconnaissance par certains pays de l'UE d'un droit fondamental des femmes : l’accès à l'IVG. Avant de venir à bout des violences dont les femmes sont victimes dans le privé,, avant de venir à bout de la prostitution, avant de supprimer l'extrême vulnérabilité due à la pauvreté, toutes choses qui ne se feront pas du jour au lendemain, il faut au moins de toute urgence donner à toutes les femmes en Europe, les mêmes moyens de gérer comme elles l'entendent les conséquences des violences dont elles sont les victimes et qui sont en premier lieu les grossesses imposées.
L'Europe doit être exemplaire sur ce sujet et aura d'autant plus de poids au niveau des NU ,vis-à-vis d'autres régions du monde sous influence religieuse, si cette question est résolue.
Le sujet est particulièrement d'actualité
- 2014 , anniversaire des vingt ans de la conférence du Caire sur démographie et population, conférence qui, du fait des pressions du Vatican (allié pour l'occasion à certains pays du monde islamique et Amérique latine), n'a pas su franchir le pas du droit à l'IVG, comme droit fondamental
- menaces de régression pesant en Europe sur des pays comme l'Espagne, de faux progrès comme en Irlande ou de stagnation comme en Pologne ( etc).
Le choix de cette priorité
- déclenchera un tir de barrage du Vatican et de ses alliés. C'est dire l'importance d'articuler ce combat avec la question de la laïcité comme facteur d'émancipation et non pas comme une spécificité française. Il faut réussir à faire que le principe de laïcité soit un principe universel au même titre que les notions de liberté, égalité et fraternité.
- est de nature à permettre la mobilisation des ONG féministes sur des actions concrétés et spectaculaires en Europe.
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