La femme qui a dévoilé l’Iran se fait lyncher publiquement
Le Figaro, Par Xavière Laffont, 04 juin 2014
Fausses rumeurs, diffamation, lynchage médiatique… La journaliste Masih Alinejad, à l’origine du mouvement en ligne « Liberté furtive pour les Iraniennes », est devenue la cible numéro 1 de la télévision d’État.
Cette jeune Iranienne, exilée à Londres, a lancé le 3 mai une page Facebook invitant les Iraniennes à poster des photos d'elles sans leur hidjab (voile). Un mouvement qui, à sa grande surprise, a été suivi par de nombreuses femmes. En l’espace de quelques heures à peine, la page comptabilisait plus de 60 000 « likes » et presque autant de participantes… Si les Iraniennes ont pris le risque de poster leurs photos, Manish Alinejad s'est vue, elle, directement menacée de mort et insultée publiquement. Les médias nationaux n’y vont vraiment pas de main morte. Après avoir affirmé que la jeune femme était psychologiquement gravement atteinte, ils l’ont traitée de droguée, d’exhibitionniste et même de prostituée. Un tissu de mensonges, rétorque la jeune journaliste.
En images : Les Iraniennes enlèvent leur voile sur Facebook
Interrogée par France 24, Masih Alinejad affirme sereinement que ce n’est pas la première fois qu’elle est ainsi exposée. Elle aurait, le mois dernier, reçu une menace de viol en direct à la télévision. Et, un présentateur ultraconservateur d’une chaîne iranienne l’a récemment insultée sur son compte Google + disant qu’elle devait « être traitée comme une prostituée ». « Ils veulent simplement me déshonorer et porter atteinte à ma réputation. Dans un pays comme le nôtre, lorsque vous avez une mauvaise réputation, tout votre famille en pâtit. Cela fait trente ans maintenant qu’ils utilisent ces méthodes pour discréditer les journalistes et dissuader les activistes d’opposition. »
La journaliste a tout de même souhaité répliquer aux fausses affirmations des médias iraniens par une vidéo filmée dans le métro de Londres (voir ci-dessous). Elle y chante une chanson persane, y raconte ses origines et surtout les raisons pour lesquelles elle a quitté l’Iran.
Au pays, les femmes cherchent comment desserrer l’étau et osent des leggins sous les abayas. Elles avaient aussi relâché leurs foulards, laissant apparaître la base des cheveux. Mais depuis quelques mois l’unité spéciale de police dite de moralité n’a jamais été aussi pressante. Et une partie des conservateurs ont manifesté le 7 mai pour dénoncer le non-respect du code vestimentaire strict imposé dans le pays.
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