Une première manifestation réussie des femmes sans voile d'Aubervilliers
Ce 10 juillet, en plein centre de Paris, à la Fontaine des Innocents, sous un ciel lourd et gris, les femmes du collectif d'Aubervilliers sont arrivées, les bras chargés de panneaux, de bouquets de marguerites.
Bravant le regard étonné des jeunes qui déambulaient dans le coin , elles ont tendu une corde entre deux arbres et accroché les panneaux sur lesquels elles avaient inscrits des slogans dénonçant le sens symbolique du voile, le sexisme qu'il véhicule, et exprimant leur volonté de se battre contre le patriarcat et pour l'égalité.
Puis, toujours entre ces deux arbres, elles ont tendu la banderole que nous avions fait réaliser sur laquelle était inscrit : « 10 juillet, journée mondiale sans voile », signé « femmes sans voile d'Aubervilliers », et illustré d' un visage de femme voilée,barrée et d'un visage de femme non voilée, les cheveux au vent.
Tandis qu'elles déployaient leur matériel dans la bonne humeur, en attendant l'arrivée des participant-es à l'événement, des petits groupes ont commencé à se former, en quête d'explications.
Certain(e)s stupéfait(e)s de l’initiative : « c'est très bien ! Vous avez raison ! » Deux jeunes filles, pourtant non voilées, ont par contre interpellé les organisatrices, refusant manifestement d'admettre la signification du voile.
Et puis, il y a eu aussi pendant un bon moment un débat assez houleux avec un groupe de jeunes gens, à l'évidence venus des cités, qui ont commencé argumenter sur la question du voile, oubliant que ce ne sont pas eux qui le portent !
Enfin les prise de parole ont pu commencer devant un auditoire très attentif de quelque 100 à 150 personnes, composé de nombreuses responsables d'associations signataires de l'appel des femmes sans voile d'Aubervilliers.
Se sont exprimées Nadia B et Nadia O du collectif des femmes sans voile d'Aubervilliers, Mimouna, pour l'association Africa, Soad Baba Aïssa pour AMEL et Amina Shabou pour Femmes Migrantes Debout,. Elles ont expliqué le sens de l'action, le sentiment d'abandon de la part des pouvoirs publics et des politiques, et le cadre dans lequel cette action se situait.
Sont intervenues également la sociologue Chalhla Chafiq, qui a dit sa joie en prenant connaissance du mouvement lancé par les femmes d'Aubervilliers, et Jami Nedai, réfugiée iranienne, cinéaste, qui a rappelé la manifestation en mars 1979 à Téhéran des féministes iraniennes pour s'opposer à l'obligation faite aux femmes en Iran de porter le tchador.
Laure Caille de l'association Égale et Libres Mariannes, a donné la liste des associations qui ont apporté leur appui à l'action des femmes sans voile d'Aubervilliers.
Pour conclure les organisatrices ont promis qu'il ne s'agissait que d'un début, sous les applaudissements de l'auditoire.
Annie Sugier, Ligue du Droit International des Femmes
ET REGARDEZ LA VIDEO CI DESSOUS DU JOURNAL LE PARISIEN :
Lien : http://videos.leparisien.fr/video/journee-sans-voile-des-femmes-musulmanes-prennent-la-parole-10-07-2014-x218jhs |