Être aussi Raif Badawi et Souad al-Shammari
Pour avoir osé s'exprimer sur internet, le blogueur Raif Badawi est soumis à la torture en Arabie Saoudite. L'avocate Souad al-Shammari est en prison pour la même simple raison.
Raif Badawi devait recevoir à nouveau 50 coups de fouet, vendredi 16 janvier.
Le vendredi précédent, ce jeune blogueur saoudien a reçu une première série de 50 coups de fouet, deux jours avant la marche des dirigeants à Paris pour la liberté d'expression. Une marche à laquelle participait l'ambassadeur d'Arabie saoudite en France.
Raif Badawi a été condamné en tout à 10 ans de prison et 1000 coups de fouets pour « insulte à l'Islam ». La campagne internationale pour la libération de ce prisonnier d'opinion (menée notamment par Amnesty International et par Reporters sans Frontières) prend de l'ampleur. En particulier au Canada, où sont réfugiés sa femme Ensaf Haidar et leurs trois enfants.« On parle beaucoup de liberté d'expression ces jours-ci : je suis Charlie, je suis Raif Badaoui », lance la directrice générale de la section francophone d'Amnesty International Canada, Béatrice Vaugrante. Jeudi 15 janvier, Amnesty International et Reporters sans Frontières manifestaient devant l'ambassade d'Arabie Saoudite à Paris en clamant #JeSuisRaif.
[Mise à jour : le châtiment prévu le 16 janvier a été reporté en raison de l'état de santé de Raif Badawi. Il doit toujours recevoir 19 séries de 50 coups de fouet]
Par la barbe du prophète
Raif Badawi n'est que l'un des opposants saoudiens récemment victimes d'une vague de répression. Parmi eux, l'avocate Souad al-Shammari, arrêtée le 28 octobre dernier. Elle est l'une des co-fondatrices, avec Badawi, du réseau Saudi Liberal Network – dont le site internet a depuis été fermé par les autorités. Son arrestation serait liée à un tweet, publié il y a tout juste un an, dans lequel elle jugeait « idiot » que les croyants se sentent obligés de porter la barbe. Elle avait été aussitôt accusée par des religieux d'insulter le prophète.
« Souad al-Shammari est bien connue pour son opposition au système de tutelle, qui soumet l'autonomie des femmes à l'autorité d'un gardien masculin. Elle a participé aux campagnes pour lever l'interdiction faite aux femmes de conduire », rappelle Amnesty International.
Photo : Amnesty International. Manifestation devant l'ambassade d'Arabie Saoudite à Paris le 15 janvier 2015
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