Décès de Benoite Groult
C'est Maya (Maya Surduts, une autre grande figure du féminisme disparue cette année) qui souligne : ce qui se rapporte au langage est toujours révélateur d’une mentalité. Les mots, on le sait aujourd’hui, ne sont jamais neutres ou innocents, et la langue est le miroir d’une société dont elle reflète les préjugés, les tabous et les désirs inconscients.
L’Histoire a d’ailleurs démontré l’importance d’une langue dans la formation ou le maintien d’une identité, qu’elle soit nationale, culturelle ou sexuelle. Il faut le répéter : vouloir se nommer, se désigner correctement, se mettre à l’aise dans les mots comme on l’est dans sa peau constitue plus qu’un désir, c’est un élément essentiel d’intégration dans une société.
Et cette mauvaise volonté, voire cette obstination hargneuse à refuser même les féminins les plus évidents (tels que factrice, sculptrice, avocate ou policière) ne sont pas le fait du hasard. Elles témoignent de l’importance de ce pouvoir culturel où s’enracine et se perpétue le pouvoir tout court des hommes sur les femmes. [...] Oui, comme on est mal dans sa peau, on peut se sentir mal dans ses mots." Benoîte Groult -31 janvier 1920 - 20 juin 2016). Une autrice s'en est allée, ses mots restent. Merci, Madame Groult” paru sur le “mur” de Aude Bara
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