Notre grande cause : les retraites des femmes
02 décembre 2019. Contrairement aux prétentions du gouvernement, la réforme des retraites annoncée n'est nullement justifiée par un effondrement futur du système. C'est une réforme purement comptable qui vise, comme c'est maintenant le cas depuis deux ans, à conduire la France à marche forcée dans l'ultra-libéralisme.
Les femmes sont d’ores-et-déjà désavantagées par notre système de retraite, en raison des inégalités professionnelles dont elles pâtissent tout au long de leur carrière. Selon les indicateurs retenus, l’écart de rémunération global entre les femmes et les hommes évolue entre 10 et 20 %. Les interruptions de carrière lors des grossesses sont fréquemment suivies par un recours au temps partiel pour élever le ou les enfants : 76 % de ces emplois sont ainsi occupés par des femmes et près d’un tiers des femmes salariées ne travaillent pas à temps plein.
Mis bout à bout, ces constats impactent déjà fortement les cotisations des femmes, et donc leur niveau de pension. Les statistiques mettent clairement en évidence la forte précarisation des femmes retraitées :
- la pension de droit direct des femmes est inférieure de 42 % à celle des hommes ;
- une femme sur 5 attend 67 ans, l’âge d’annulation de la décote (c’est le cas d’un homme sur 12) ;
- 37 % des femmes retraitées touchent moins de 1000 € de pension brute (909 € nets).
La réforme des retraites engagée par le gouvernement n’améliorera en rien les retraites des femmes. Le système à point ne leur sera pas plus profitable que le système actuel, comme le souligne l’Institut de la protection sociale : « Avec le nouveau système, les mères perdent l'effet levier que leur apporte la majoration de durée d'assurance aux carrières pour lesquelles il manque 20 trimestres ou moins pour atteindre le taux plein [...] Le paradoxe de la réforme Delevoye est qu'elle va pénaliser les femmes alors que le système actuel leur devenait plus favorable ».
En effet, toute la carrière sera prise en compte pour le calcul de la pension, et non plus la meilleure partie seulement. L’intégration des années moins rémunératrices pénalisera plus fortement les femmes que les hommes, car elles sont majoritaires dans les temps partiels et les congés parentaux, et qu’elles souffrent déjà de davantage de précarité sur le marché du travail.
De plus, il est acquis que le système de retraite préconisé par le gouvernement sera très défavorable aux fonctionnaires. Or, les femmes représentent 62 % des agent.e.s de la fonction publique : elles seront donc par conséquent les premières à souffrir de cette réforme.
Notre système n'est aucunement menacé, il n'y a ni urgence, ni nécessité à le réformer. Proclamer le contraire en prétendant que l'on court à la catastrophe n'est rien d'autre qu'un mensonge. Les rapports du Conseil d'orientation des retraites ne pointent pas un déficit qu’il faudrait absolument résorber (en outre, ce déficit est avant tout le fait des décisions récentes du gouvernement : non compensation des exonérations de cotisations sociales, réforme de l'assurance chômage, gel du point d’indice des fonctionnaires, etc.).
Cette réforme des retraites a pour seul objectif de réduire le montant des pensions versées.
Après la loi Pénicaud et la réforme de l'assurance chômage, dont l’Assemblée des femmes avait déjà souligné les conséquences néfastes pour les femmes, la réforme annoncée des retraites ajoute un nouveau risque à la vie professionnelle des femmes. En fin de carrière, la précarité l’emportera sur la protection sociale.
L’Assemblée des femmes se joindra donc aux cortèges du 5 décembre aux côtés des organisations de salarié.e.s, comme de nombreuses associations féministes.
|