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N'abandonnons pas Eman el Obeidi, victime de viol !

Le gouvernement libyen affirme que Eman al-Obeidi, la femme qui a fait irruption dans un hôtel de Tripoli pour tenter de témoigner aux journalistes étrangers présents son viol par les hommes de Ghaddafi, a été libérée. Mais ses parents disent qu’elle est toujours prisonnière dans l’enclos du dictateur où on lui offre de l’argent pour changer son histoire. Eliza Griswold explique pourquoi ce cas peut révéler de nouveaux crimes de guerre brutaux contre les Libyennes.
Les détails de l’endroit où se trouve Eman al-Obeidi sont devenus encore plus obscurs tôt lundi matin, quand un porte-parole du gouvernement libyen a affirmé qu’elle et sa sœur avaient été libérées. Pourtant personne n’a pu démontrer son retour en bon état chez elle. Depuis samedi, cette victime présumée d’un viol collectif brutal commis par des hommes de Mouammar Ghaddafi est devenue le aspect nouvel de la guerre qui a lieu en Libye.

Le porte-parole, Moussa Ibrahim, est allé jusqu’à accuser al-Obeidi d’être une prostituée avec un casier judiciaire très lourd. (Sa famille rejette entièrement ces accusations et dit qu’elle est une avocate.) Le porte-parole a dit, en plus, dans une interview avec la Associated Press qu’elle avait refusé un examen médical pendant son arrestation. Il est difficile d’imaginer qu’une femme, qui vient d’être violée par des forces gouvernementales, se soumette volontairement à un examen pelvien par des représentants du même régime.
Entretemps quatre homme ont été arrêtés en lien avec son cas. Selon le Ministre adjoint des Affaires étrangères libyen, Khalid Kaïm, l’un d’eux est le fils d’un officier de police libyen de haut rang. D’après Kaïm, et dans un style typique du régime de Ghaddafi – et avant l’accusation de prostitution – al-Obeidi avait une rencontre arrangée à l’avance avec l’un de ces hommes.
De tels affronts orduriers servent de méthode parfaite pour miner l’honneur de al-Obeidi en impliquant qu’elle avait déjà un comportement illicite et illégal.
En Libye, comme dans beaucoup d’autres pays musulmans, une femme porte la responsabilité de l’honneur de toute sa famille. En insultant al-Obeidi, le gouvernement tente de la discréditer.
Eman al-Obeidi ne sera pas libre avant qu’elle n’ait pu révéler son histoire à l’abri du danger et de rétribution contre sa famille.
Pour la défendre, un cousin a parlé en disant d’elle : “Ce qui est important maintenant est que le monde sache qu’elle est une femme sage.
Elle est diplômée de droit. Comment peut-elle être diplômée de droit et déséquilibrée mentale en même temps ? Mais il est hautement probable qu’ils la tortureront jusqu’à ce qu’elle devienne déséquilibrée. C’est quelque chose dont ils ont l’habitude”.
Samedi, une Eman al-Obeidi, contusionnée et dépeignée, a fait irruption dans l’Hôtel Rixos de Tripoli pour essayer de dire son récit de violence aux journalistes étrangers. Elle a hurlé que 15 hommes de Ghaddafi l’avaient violée pendant deux jours après qu’elle fut arrêtée à un point de contrôle. Elle a dit que ses ravisseurs lui avaient mis les menottes, ont uriné et déféqué sur elle. La raison de sa détention. Sa carte d’identité portait la mention Benghazi, le lieu fort des rebelles et le cœur de l’opposition à Ghaddafi.
“Ils disent que nous sommes tous des Libyens et que nous sommes tous un peuple”, a dit al-Obeidi qui est supposée d’avoir 20 ou 30 ans. Pendant qu’elle suppliait les journalistes d’aider d’autres femmes comme elle, qui étaient encore détenues, des agents de sécurité en civil et des employés de l’hôtel l’ont
attaquée. Des serveurs ont menacé de couteaux les journalistes étrangers qui tentaient de l’interviewer et au moins un officier d’intelligence a sorti un révolver avec lequel il a visé une équipe de télévision de Sky News qui filmait l’incident.
La vidéo montre une serveuse qui s’est élancée pour tenter de jeter une nappe de table par-dessus la tête de al-Obeidi pour la réduire au silence pendant la lutte qui a duré une heure. Une autre s’est jetée sur elle avec un couteau. Des hommes qui, pendant des semaines, semblaient être des serveurs d’hôtel, ont subitement montré leurs vraies identités, repoussant les journalistes étrangers. Charles Clover du Financial Times fut arrêté et conduit à la frontière. Un journaliste arabe, qui pouvait parler directement en arabe à al-Obeidi, était plaqué et a reçu des coups de pied sur le sol en marbre du lobby de l’hôtel où la presse étrangère est en quarantaine depuis des semaines.
Puisque la Libye est un Etat policier depuis quatre décennies, il n’est guère surprenant que ceux qui semblent être des civiles, même des serveurs, sont en réalité des employés du régime Ghaddafi.  Journaliste à Tripoli l’an dernier, j’ai vu beaucoup de choses similaires avec un soi-disant équipe de télévision qui m’a suivi tout autour de la prison d’Abou Saleem, qui fut, jusqu’à il y a peu, l’endroit du pire massacre de Ghaddafi.
La vraie histoire ici est la possibilité que le régime de Ghaddafi utilise le viol comme un crime de guerre contre ses ennemis politiques. Le visage de al-Obeidi avait été très fortement battu. Elle avait des marques sur ses bras et ses jambes où elle avait été visiblement attachée, et sa cuisses et jambes étaient fortement griffées.
Son histoire, avec la citation qu’elle a dit avoir été utilisée par les forces de sécurité - “Nous sommes tous un peuple” - implique l’emploi du viol comme une forme de génocide, avec l’intention d’éliminer ceux qui ne soutiennent pas la famille Ghaddafi.
Le mauvais traitement des femmes libyennes n’est pas nouveau. En 2005, un rapport de Human Rights Watch a documenté l’utilisation des “facilités de réhabilitation sociale” où l’on envoyait des femmes, comme l’a dit le directeur d’un de ces endroits à HRW, “pour changer leurs personnalités”. Ces centres gouvernementaux sont prévus pour des “femmes vulnérables à une mauvaise conduite  morale”. Cela inclut les victimes de viol.
Aussi récemment que l’an dernier, quand des journalistes libyens ont eu une brève lueur de liberté de presse, ils ont continué à reporter sur ces centres de réhabilitation sociale qui fonctionnent toujours. La peur actuelle est que al-Obeidi puisse être dirigée vers l’un de ces centres. Après la bagarre à l’Hôtel Rixos, elle fut enlevée par des agents de sécurité dans une voiture blanche.
La question actuelle est de savoir où se trouve Eman al-Obeidi. Kaim a calmé les craintes des journalistes étrangers, disant qu’elle était en bonne santé et qu’ils pourraient vraisemblablement lui parler bientôt. Mais à l’intérieur de la Libye, les journalistes peuvent à peine parler. Ils seront simplement enlevés de leur prison de luxe, le Rixos, et déportés comme leur collègue, Charles Clover – ou pire encore.
Depuis samedi la campagne Facebook pour libérer Eman el-Obeidi a grandi à 3.600 membres et augmente toujours. Ceux qui la soutiennent vont de Halle Berry à l’hôtel même d’où elle fut prise. Si des médias comme Twitter et Facebook peuvent aider à déclencher des révolutions en Tunisie, en Egypte, au Bahreïn, en Syrie et ailleurs, alors est-ce que ces outils peuvent maintenant aider à libérer Eman al-Obeidi ? Ce mouvement nouveau grandit toujours. Ajouter le viol à la liste des crimes de guerre dont Ghaddafi, sa famille et son régime sont responsables, signifie un de plus dans le catalogue de leurs crimes contre l’humanité. Quand le fils de Ghaddafi, Saif, a demandé que des “rivières de sang” soient versées en Libye, voulait-il inclure le sang des corps de Libyennes ?
Même si le gouvernement libyen a, en effet, libéré al-Obeidi de prison, elle ne sera pas libre avant d’avoir raconté son histoire sans menaces de représailles à elle ou de rétribution contre sa famille.

Eliza Griswold, associée supérieure à la Fondation de la Nouvelle Amérique, journaliste, écrivaine et poète, est l’auteure du livre à succès du New York Times, “Le dixième parallèle”.
Contactez-nous à editorial@thedailybeast.com.

eman al obeidi



The Libyan government laims that Eman al-Obeidi, the woman who burst into a Tripoli hotel and tried to tell foreign journalists about being raped by Gaddafi's men, has
been released. But al-Obeidi's parents say she's still being held in the dictator's compound and is being offered money to change her story. Eliza Griswold explains why
the case may reveal brutal new war crimes against Libya's women.
The details of Eman al-Obeidi’s whereabouts grew murkier early Monday, after a Libyan government spokesman claimed she was released from custody and with her
sister, yet no one offered proof of her safe return. Since Saturday, the alleged victim of a brutal gang rape at the hands of Muammar Gaddafi's men has become the
new face to the war raging in Libya.

The spokesman, Moussa Ibrahim, went so far as to accuse al-Obeidi of being a prostitute with a long criminal record. (Her family denies the charges, and maintains
that she is lawyer.) He also claimed in an interview with the Associated Press that she refused to undergo a medical exam while in custody. It's hard to imagine a
woman who had just been raped by government forces willingly submitting to a pelvic exam by representatives of the same regime.
Meanwhile, four men have been arrested in connection with al-Obeidi’s report. According to Libya’s deputy foreign minister, Khalid Kaim, one is the son of a high-
ranking Libyan police officer. Kaim claimed, in typical Gaddafi regime style—and before the prostitution charge—that al-Obeidi had a pre-arranged meeting with one of
these men.
Such salacious slurs serve as the ideal way to undermine al-Obeidi’s honor by implying that she was already engaging in illicit and illegal behavior. In Libya, as in many
other countries, a woman carries responsibility for her entire family’s honor. By insulting al-Obeidi, the government is trying to discredit her.
Eman al-Obeidi will not be free until she has told her story without threat of harm to herself or retribution against her family.
To defend her, a cousin has spoken out, saying of al-Obeidi: “What is important now is for the world to know that she [Eman] is a good girl. She is a law graduate. How
can she be a law graduate and be mentally ill as well? But there is a great chance that they will beat her [torture her] until she does become mentally unstable. This is
something they are used to doing.”
On Saturday, a bruised and disheveled Eman al-Obedi burst into Tripoli’s Rixos Hotel and tried to tell her story of violence to foreign journalists. She screamed that 15
of Gaddafi’s men had raped her for two days after she was stopped at a checkpoint. She claimed her captors had handcuffed her, urinated and defecated on her. The
reason for her detention: Her identity card read Benghazi, the rebel stronghold and the heartland of opposition to Gaddafi.
“They say we are all Libyans and we are all one people,” said al-Obeidi, who is believed to be in her late twenties or early thirties. As she pleaded with journalists to
help other women like her who were still being detained, plainclothes security guards and hotel staff attacked her. Waiters brandished knives at foreign journalists who
tried to interview her, and at least one intelligence officer pulled out a revolver and reportedly aimed it at a SkyNews television crew that was filming the incident.
The video shows a waitress push forward and try to throw a tablecloth over al-Obeidi’s head to silence her during the hour-long struggle. Another rushes her with a
knife. Men, who had for weeks appeared to be hotel waiters, suddenly show their true identities, shoving foreign reporters out of the way. Charles Clover of the
Financial Times was taken into custody and driven to the border. One Arab reporter, who could speak directly to al-Obeidi in Arabic, was tackled and kicked on the
marble floor of the hotel lobby, where the foreign press corps has been quarantined for weeks now. Because Libya has been a police state for four decades, it’s hardly
a surprise that those who appear to be civilians, even waiters, are actually in the employ of the Gaddafi regime. Reporting in Tripoli last year, I noticed much of the
same with a so-called TV news crew that followed me around the Abu Saleem prison, which was until recently the site of Gaddafi’s worst massacre.

The real story here is the possibility that the Gaddafi regime is using rape as a crime of war against its political enemies. Al-Obeidi’s face was badly beaten. She had
marks on her arms and legs from where someone had bound her, and her thigh and legs were scratched. Her story, with the quote she said the security forces had
used—“we are all one people”—implies the targeted use of rape as a form of genocide, with the intent to wipe out those don’t support the Gaddafi family.
Libya’s mistreatment of women is not new. A Human Rights Watch report released in 2005 documented the country’s use of “social rehabilitation facilities,” where
women are sent, as the director of one such facility told HRW, “to change their personalities.” These government centers are designed for "women who are vulnerable
to engaging in moral misconduct."
That includes rape victims. As recently as last year, when Libyan journalists had a brief glimmer of press freedom, they continued to report on these social rehabilitation
centers, which are still open for business. The fear is now that al-Obeidi could be headed for one of these centers. After the skirmish at the Rixos hotel, she was taken
away by security officials in a white sedan.
The question now is where is Eman al-Obeidi? Kaim quieted fears of foreign journalists, saying that al-Obeidi is in good health and they would most likely be able to
speak to her soon. But inside Libya, journalists can barely speak out. They will simply be diverted from their luxury captivity in the Rixos and deported like their
colleague Charles Clover—or worse.
Since Saturday, the Facebook campaign to free Eman al-Obeidi has grown to 3,600 members and counting. Her supporters range from Halle Berry to the very hotel
from which she was taken. If social media like Twitter and Facebook can help start revolutions in Tunisia, Egypt, Bahrain, Syria, and onward, then can these global
tools now help set Eman al-Obeidi free? This new movement is growing.
To add rape to the list of war crimes Gaddafi, his family, and his regime can now be held accountable for means one more line item in the catalogue of crimes against
humanity. When Gaddafi's son, Saif, called for "rivers of blood" to be spilled in Libya, did he mean for them to include blood from the bodies of Libyan women?
Even if Libya’s government has, indeed, released al-Obeidi from custody, she will not be free until she has told her story without threat of harm to herself or retribution
against her family.
Eliza Griswold, a senior fellow at the New America Foundation, is the author of the New York Times bestseller The Tenth Parallel.
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