La FIFA s'incline devant le diktat de Téhéran au mépris de ses propres réglements
Suite aux pressions de la République Islamique d'Iran le Comité Directeur de la FIFA accepte le port du hijab sur les terrains de foot dans la perspective des JO de Londres!
Accepter un code vestimentaire particulier pour les athlètes musulmanes, non seulement introduit une discrimination entre les athlètes, mais est contraire aux règles du mouvement sportif définissant un costume unique pour les différentes disciplines, sans distinction d’origine ou de croyance.
Il n’y a en effet aucune ambigüité sur ce point dans le règlement de la FIFA (« L’équipement de base obligatoire ne doit présenter aucune inscription politique, religieuse ou personnelle »Loi 4, décision 1) pas plus que dans la Charte Olympique (« Aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique »règle 51 ).
La raison avancée pour justifier ce revirement est irrecevable : le port du hijab ne contreviendrait pas aux règlements sportifs puisqu’il s’agirait d’un « signe culturel et non religieux » !
Lisez la Lettre ouverte de 3 organisations de défense du droit des femmes adressée au Président de la FIFA suite à la réunion du Comité Directeur de la FIFA, (Tokyo les 16 et 17 décembre).
Annie Sugier
présidente de la LDIF
00 33 (0)6 38 39 42 92
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LIGUE DU DROIT INTERNATIONAL DES FEMMES
Association créée par Simone de Beauvoir
6 place Saint-Germain des Prés, 75006 Paris
FEMIX’SPORTS
48 avenue du Général Leclerc, 92240, L’Hay-les-Roses
COORDINATION FRANCAISE POUR LE LOBBY EUROPEEN DES FEMMES,
6 rue de la Rochefoucauld, 75009, Paris
Monsieur Joseph S. Blatter
Président de la FIFA
FIFA strasse 20
PO BOX 8044, Zurich, SUISSE
Paris, le 21 décembre 2011
Lettre ouverte
Objet : port du costume islamique sur les terrains de foot
Monsieur le Président:
Nous venons d’apprendre que le Comité Directeur de la FIFA, réuni à Tokyo les 16 et 17 décembre, a opté pour la levée de l’interdiction du hijab prononcée en Jordanie lors des épreuves qualificatives des équipes de foot féminines en vue des JO de Londres (1).
Nous tenons à vous faire part de notre stupéfaction et de notre profonde préoccupation face à ce revirement.
Accepter un code vestimentaire particulier pour les athlètes musulmanes, non seulement introduit une discrimination entre les athlètes, mais est contraire aux règles du mouvement sportif définissant un costume unique pour les différentes disciplines, sans distinction d’origine ou de croyance.
Il n’y a aucune ambigüité sur ce point dans le règlement de la FIFA (Loi 4, décision 1 : « L’équipement de base obligatoire ne doit présenter aucune inscription politique, religieuse ou personnelle ») pas plus que dans la Charte Olympique (règle 51 :« Aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique »).
La raison avancée pour justifier ce revirement est irrecevable : le port du hijab ne contreviendrait pas aux règlements sportifs puisqu’il s’agirait d’un « signe culturel et non religieux » ! Ainsi, le Comité Exécutif de la FIFA a décidé de suivre les recommandations du «workshop » organisé en octobre dernier à Amman, à l’initiative du vice-président de la FIFA, le prince Ali Bin Al Hussein, frère du Roi de Jordanie, dont l’objectif affiché était de sortir de la crise en évitant de mécontenter les régimes les plus conservateurs du monde musulman.
Qualifier le hijab de signe culturel et non de signe religieux est, à l’évidence, un tour de passe-passe contraire à la vérité. La photo que vous trouverez à la fin de cette lettre est tout à fait explicite à cet égard.
Vous ne pouvez ignorer que l’épreuve de force opposant depuis plus d’un an les dirigeants sportifs iraniens aux représentants de votre Fédération, résulte de la volonté de Téhéran d’imposer sa propre loi interne fondée sur des exigences religieuses ( 2) , au détriment de la loi internationale sportive, dès lors qu’il s’agit du costume des femmes.
Vous noterez d’ailleurs que Faride Shojaee, vice-présidente du département femme de la Fédération Iranienne de Football, qui aujourd’hui défend l’idée d’un hijab « culturel », avait précédemment affirmé :« les officiels de la FIFA ont confondu le hijab religieux avec un costume national, déclarant que si on autorisait la participation avec un hijab islamique, d’autres pourraient demander de se présenter avec leurs costumes traditionnels respectifs » ( 5 avril 2010, Duncan Mackay, Inside the Games).
Enfin, vous aurez remarqué l’utilisation du mot « islamique » dans la déclaration « Accepter et Respecter » (3), élaborée et signée par des réseaux militant pour une application des règlements sportifs dite « inclusive à l’égard des musulmanes » (« Nous exhortons les fédérations sportives internationales à manifester leur attachement à l'intégration en veillant à ce que leur code vestimentaire pour les compétitions satisfasse aux exigences islamiques, en tenant compte des principes de convenance, de sécurité et d'intégrité »).
Devons-nous comprendre que vous ne voulez pas voir la stratégie proclamée en toute transparence par l’Iran et qui consiste à « apporter sa contribution à la question des femmes par la promotion de la culture de la modestie et du port du hijab à l’échelle du monde » (4) ?
Il faut avouer que le mot « culture » n’est pas utilisé ici dans le sens que vous lui supposiez ! Il s’agit bien d’exporter un modèle politico-religieux consistant à couvrir intégralement le corps des femmes.
C’était d’ailleurs ce qu’annonçait en 1993 à Téhéran, la Présidente des Premiers Jeux de la Solidarité Islamiques, Madame Faezeh Hashemi, revêtue du tchador noir, lors de son discours inaugural: “J’espère que ces Jeux serviront de modèle pour les femmes libres du monde”.
Le sport doit rester en dehors des influences politiques et religieuses. Il se doit aussi de lutter contre toutes les formes de discrimination. Avec la décision du Comité Exécutif c’est le contraire qui se produit.
Faut-il conclure de cette situation que vous avez décidé de renier ce que vous défendiez encore récemment lorsque vous affirmiez : « La première des spécificités du sport concerne ses structures pyramidales avec le Comité International Olympique et les Fédérations Internationales Olympiques au sommet et son universalité qui découle des règles mondiales applicables à tous, aux niveaux continental et national. La force du sport en tant que véhicule du rapprochement entre les peuples vient de cela » (Sport et Citoyenneté, décembre janvier 2010)?
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre profonde consternation,
Pour la LDIF, pour Femix’Sports pour la CLEF
La présidente la présidente la présidente
Annie Sugier Danièle Salva Olga Trostiansky
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(1) Information rendue publique le 19 décembre 2011 par James M. Dorsey dans The Turbulent World of Middle East Soccer
(2) L’Iran est soumis à la sharia – loi islamique et non culturelle- depuis 1979. Ce n’était pas le cas avant que l’Iran ne devienne une République qualifiée officiellement d’islamique (i.e. religieuse).
(Voir article IV de la Constitution: “all civil, penal, financial, economic, administrative, cultural, military, political, and other laws and regulations must be based on Islamic criteria” ; article 638 du Code Pénal iranien “anyone who explicitly violates any religious taboo in public beside being punished for the act should also be imprisoned from ten days to two months, or should be flogged (74 lashes); note : “women who appear in public without a proper hijab should be imprisoned from ten days to two months or pay a fine of 50,000 to 500,000 Ryal”).
(3) Déclaration élaborée et rendue publique lors du séminaire de l’Université Sultan Qaboos d’Oman en février 2008 co-organisé par cette ’université et par le réseau IAPESWG (International Association of Physical Education and Sports for Women and Girls).
(4) Invitation au deuxième colloque sur « la condition des femmes, l’apport du monde musulman et la réflexion sur les conséquences du féminisme », diffusée par les ambassades d’Iran aux ONG de défense du droit des femmes dans le monde, invitation datée du 15 avril 2009, comprenant une introduction du Guide Suprême, Sayed Ali Khamenei. Le colloque devait se tenir en mai 2009 à Téhéran.
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