Sport et violences sexuelles : briser enfin le si long silence
COMMUNIQUE de la LDIF - Paris, le 3 février 2020. Le 18 décembre 2017, le journal Le Monde, publiait la tribune de deux sociologues et d’un médecin 1 intitulée « Les agressions sexuelles existent aussi dans le sport ", reprochant à la ministre des sports de l’époque, Laura Flessel, de préférer protéger l'image de ce milieu plutôt que les nombreuses victimes.
En effet, interrogée par plusieurs médias sur « l’immense silence » du monde du sport à propos des agressions sexuelles, la ministre avait considéré que l’absence de scandale dans le sport serait la preuve du bon fonctionnement des outils de prévention mis en place et que la situation serait contrôlée.
Les auteurs de la tribune rappelaient que, selon une étude commanditée par le ministère des sports en 2007, 31 % des sportives et des sportifs interrogés pensent ou déclarent avoir subi au moins une forme de violence ou de harcèlement.
C’est aujourd’hui Roxana Maracineanu, qui se trouve confrontée à l’immense scandale soulevé par le livre « Un si long silence », silence que l’'ancienne championne de patinage Sarah Abitbol a réussi enfin à briser en révélant avoir été violée par son entraîneur, Gilles Beyer, dès l'âge de 15 ans.
La Ministre a convoqué le président de la Fédération des sports de glace (FFSG) Didier Gailhaguet, afin qu’il s’explique sur le rôle de la fédération dans la poursuite de la carrière de cet entraîneur, alors que de lourds soupçons pesaient déjà sur lui.
Il est temps que tout un système où règne la loi du silence se remette en question, avec comme objectif à court terme : la mise en place de dispositifs sérieux de recueil de témoignages et d’enquêtes sur ces faits dans les lieux de pratiques, de formation, dans les organisations du monde sportif ; et que soient appliqués les lois et les règlements pour que soient sanctionnés les auteurs et les responsables de ces violences, quels qu’ils soient. Il est temps, enfin, que la mixité femmes-hommes aux niveaux des directions, encadrements, et autres fonctions stratégiques, soit une réalité et non un simple souhait.
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[1] Véronique Lebar, Philippe Liotard et Catherine Louveau.
Véronique Lebar, médecin du sport, fait partie de l’équipe du Comité Éthique & Sport, association indépendante créée en 2013 à l’initiative de professionnels du sport.
Philippe Liotard, anthropologue du sport, du corps et de ses modifications, s'intéresse aux vulnérabilités et aux conditions d'innovation qu'elles impliquent.
Catherine Louveau, sociologue du sport, a créé en décembre 2017 une structure spécialisée le Collectif NOVISS ( « NON aux violences sexuelles dans le sport »).
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