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Promotion sur France2 de la GPA !! Excellente tribune de Nicole Athea et Marie-Jo Bonnet

18 février 2022.
QUE DEVIENT NOTRE SERVICE PUBLIC ?
Le collectif pour le respect de la personne (CORP)

Si de nombreuses émissions sur le service public font régulièrement l’apologie de la GPA et le forcing social pour l’autoriser en France, la soirée du 9 février en a été le couronnement. Entre le film issu du livre de Marc-Olivier Fogiel, une discussion dans laquelle quatre intervenants, PRO-GPA militants, étaient opposés à une pauvre juriste qui essayait de soutenir l’importance de la loi, et enfin la réédition du film « les enfants de la GPA et de la PMA », « si mignons et si intelligents », les téléspectateurs ne pouvaient sortir de cette moulinette idéologique que PRO-GPA. Et scandalisés de son interdiction en France. 
 
Le service public se fait ouvertement le défenseur et le promoteur de la GPA
Aucune réflexion objective et rationnelle ne semble pouvoir mettre un bémol à cet engouement médiatique. Pas même un minimum de débat contradictoire. Le journaliste avait beau dire que cette pratique divisait la société et avait des opposants, nous ne les avons pas entendu. Ce qui signifie que le service public se fait ouvertement le défenseur et le promoteur de la GPA ; Est-ce son rôle ? 
Les personnes qui sont opposées à la GPA ont des arguments. Arguments médicaux concernant la santé des femmes et des enfants, arguments juridiques qui ne se limitent pas à ceux présentés en quelques minutes par une politique courageuse à laquelle on a sans cesse coupé la parole. Arguments éthiques…, qui ont fait l’objet d’un livre récent, publié chez Odile Jacob, Les marchés de la maternité, qui n’a même pas été présenté par le journaliste. En revanche, ceux de M-OFogiel ou de J.Courduries l’ont été largement. 
Un service public se doit d’être impartial et de donner voix à tous les interlocuteurs sociaux qui réfléchissent sur une pratique sociale. En lieu et place de cela, les journalistes deviennent des militants d’une cause qu’ils nous vendent, (avec l’accord ou sous la demande  de quels pouvoirs politiques?) et ils ont un pouvoir immense pour y parvenir : cette soirée en est le témoin. 

Le film a très peu montré les mères porteuses et ce qu’elles vivent
Il y aurait beaucoup à dire sur le contenu de cette soirée. Le film a très peu montré les mères porteuses et ce qu’elles vivent ; il était centré sur les mouvements psychiques des commanditaires de la GPA et  leurs hésitations : quels merveilleux futurs parents qui se posent tellement de questions sur leur désir d’enfant…mais bien peu sur les mères porteuses. On nous a montré une famille agricultrice demandeuse, pour nous démontrer que ce n’est pas une pratique pour riches. 
Si l’une des intervenantes de la discussion était agricultrice, on peut se demander combien d’agriculteurs recourent à ce type de pratique. Ce ne serait donc pas des riches qui exploitent des pauvres ou des moins riches, ce qui, dans l’ensemble est parfaitement faux. C’est, dans la quasi-totalité des cas, des femmes de condition socio-économique inférieure qui portent des enfants pour des plus riches, et pour très riches dans les GPA commerciales où tous les désirs des commanditaires sont pris en compte. Des études montrent que toutes ces mères porteuses le font pour de l’argent ; sans argent, elles ne le feraient pas. 
Le réalisateur a choisi l’exemple du Canada. Mais même dans ce pays ou la GPA dite éthique est pratiquée, les avocats montrent que les femmes perçoivent 40.000 dollars canadiens, comme l’écrit C. Trilling, spécialiste de la GPA au Canada. (Et c’est 10.000 à 15.000 dollars pour l’ovocyte). On nous a montré des mères porteuses qui semblaient dans une situation sociale sans problème, mais au Canada, comme aux Etats Unis, les classes moyennes ont de plus en plus de difficultés économiques et les femmes peuvent recourir à ces pratiques pour financer des projets familiaux importants. 

L’altruisme est même inscrit dans les contrats
Sans légitimation comme la foi, qui devient une nouvelle motivation pour certaines, « tellement heureuses de donner la vie » ou l’altruisme, comment pourraient-elles être mères porteuses ? Elles ont besoin de ces légitimation sociales pour avoir bonne conscience et être valorisées socialement. L’altruisme est même inscrit dans les contrats. Mais la foi catholique utilisée comme légitimation de l’abandon d’enfant peut-elle être crédible, alors que la religion l’interdit ? Sans l’altruisme, qui est une fiction à laquelle elles croient pour certaines, ou une hypocrisie pour d’autres,  ces  femmes ne seraient que des mères mercenaires vendant un enfant. Alors, on ne viendrait pas nous chanter les louanges de cette pratique.
Les femmes indiennes ne disent pas qu’elles le font parce qu’elles sont heureuses de donner un enfant à des commanditaires occidentaux. Elles le font pour la survie de leur famille et elles se sentent honteuses d’avoir à abandonner un enfant. Qui dit le vrai ? Peut-on vraiment être  heureuse de vivre une grossesse, avec tous les désagréments , les interdits nombreux  mis en place dans une GPA, les risques liés aux PMA utilisées, les liens qui se nouent inévitablement avec le foetus pour finalement abandonner un enfant, si  on n’en a pas des compensations financières attractives ? 
Et comment un enfant va vivre cette rupture brutale avec la mère qui l’a porté sans pouvoir vivre la période dyadique qui lui est nécessaire après la naissance pour médier son entrée dans le Monde ? Le priver de la relation à sa mère durant cette période de la vie réalise une véritable maltraitance. 

Oui, l’argent reste le moteur de la GPA 
On nous a présenté un petit film sur l’Ukraine comme un repoussoir, mais les occidentaux sont très heureux d’aller dans ces pays qui pratiquent des GPA à bas coût, quelle que soit la situation des mères porteuses et des  enfants. Et nombreux sont encore les couples occidentaux qui vivent dans des pays ou la GPA éthique est légale, mais qui préfèrent se rendre dans des pays où les coûts sont moindres.
Nous attendons du service public l’organisation d’une soirée de controverse à cette publicité mensongère : non la GPA n’est pas un jardin de rose pour les mères porteuses et pour les enfants. Oui, l’argent reste le moteur de la GPA. Et la partie la plus importante de la somme convenue entre commanditaires et mère porteuse est donnée à la remise de l’enfant : sans argent, pas d’enfant, comme dans toute tractation commerciale ; c’est donc bien une vente d’enfant. 
Si l’enfant est porteur d’un handicap, il est le plus souvent refusé par les commanditaires qui l’abandonnent dans les orphelinats locaux. 
L’exploitation du corps reproducteur des femmes, leur réduction à leur fonction de gestatrice, l’effacement des mères est inacceptable dans une société qui devrait protéger les droits des femmes, et celui des enfants à pouvoir naître entouré de sa mère pour faire une entrée protégée dans le monde.
 
Collectif CoRP, Nicole Athea, Marie-Jo Bonnet, Ana-Luana Stoicea-Deram

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