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Les femmes, des retraitées pas tout à fait comme les autres

Article du 15/7/2010
Par Pauline de Saint Rémy

Les femmes partent à la retraite avec 137 trimestres validés en moyenne contre 157 pour les hommes, selon l'Observatoire de la parité © SIPA
 

Le bilan est sans appel. Les femmes éprouvent plus de difficultés que les hommes à toucher une retraite décente. La pension de retraite moyenne d'une femme à l'heure actuelle en France est de 40 % inférieure à celle d'un homme. Et, parmi les personnes qui bénéficient du minimum vieillesse, les trois quarts sont des femmes. Aujourd'hui, elles sont aussi plus nombreuses à partir à 65 ans, car elles travaillent plus souvent à temps partiel et connaissent plus d'interruptions de carrière. La réforme Woerth ne devrait pas établir l'équilibre, bien au contraire.
Si le texte de loi défendu par le ministre du Travail contient deux articles - 12 et 13 - visant à protéger les femmes, ils ne sont guère défendus. Même Danièle Karnewiecz, présidente de la Caisse nationale d'assurance maladie et secrétaire nationale de la CFE-CGC, seul syndicat à plaider en faveur de la réforme, n'y croit pas : "On risque d'accentuer certaines difficultés existantes. Il est vrai que les femmes sont les plus fragiles. Cela pose des questions, car les différences ne s'effaceront pas par magie." Le premier article, portant sur le calcul des mois de congé maternité, a surtout une portée symbolique. Marie-Jo Zimmermann, député UMP et présidente de la délégation de l'Assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, parle carrément de "mesurette". Pour les syndicats, ce ne sont que quelques mois dans une vie, c'est de la "poudre aux yeux". Quant au second, qui vise à sanctionner financièrement les entreprises ne présentant par leurs chiffres sur l'égalité professionnelle, il est, lui aussi, jugé "trop léger" par Marie-Jo Zimmermann.
Le vrai travail devra se faire en amont de la question des retraites
La course pour renforcer le texte en faveur des femmes avant son examen par le Parlement en septembre est donc lancée. Le 8 juillet dernier, c'est la Haute Autorité de lutte contre les discriminations (Halde) qui s'est autosaisie du dossier. Dans une interview aux Échos, sa nouvelle présidente, Jeannette Bougrab, annonçait la création d'une commission spéciale chargée de présenter en septembre des recommandations au gouvernement. Elle évoquait deux pistes de travail principales : "On pourrait améliorer certains mécanismes, par exemple ouvrir les pensions de réversion aux couples pacsés et permettre de cumuler minimum vieillesse avec un revenu d'activité." De son côté, l'Observatoire de la parité, dirigé par la députée UMP Chantal Brunel, pour qui les femmes sont "les grandes oubliées de la réforme", a annoncé qu'il établirait une proposition de loi sur la parité professionnelle d'ici la fin de l'année 2010, quelques mois après le vote de la réforme.
Pour Marie-Jo Zimmermann, pourtant citée par Jeannette Bougrab parmi les personnes invitées à travailler sur la question par la Halde, l'intention est bonne, mais tout cela arrive un peu tard : "C'est tout à l'honneur de la Halde et de l'Observatoire de la parité : plus on parlera du problème, mieux on se portera ! Mais, concrètement, je doute que cela porte des fruits d'ici le mois de septembre et le vote de la loi", explique-t-elle, sceptique. Un avis partagé par Christiane Marty (Solidaires), spécialiste des questions de retraites des femmes. "Il faut de manière urgente des mesures de compensation", dit-elle. Elle reconnaît que ces solutions d'urgence ne changeraient rien à la nécessité de faire des efforts en amont, sur le travail des femmes en général. Autrement dit, inutile de compter sur des mesures spécifiques d'ici le mois de septembre. Quant à la proposition de loi de l'Observatoire de la parité, Christiane Marty rappelle, dépitée : "Depuis 1972, une dizaine de lois et de décrets pour l'égalité professionnelle ont été votés, mais aucune sanction significative n'existe. Elles sont donc inappliquées." Les différences de traitement auraient donc encore longue vie...

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