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Les raisons d’un soutien à la motion de Ségolène Royal

Faut-il toujours être négatif lorsque nous parlons de ce qui se passe en France ? Faut-il exiger que tout soit au carré et limpide dans la droite ligne de ce que nous pensons ?

Quand il s’agit des Etats-Unis, on admet que le candidat devenu président élu manque d’expérience et qu’il ait un programme flou, la force du symbole suffirait à le qualifier. Quand il s’agit des Etats-Unis on admire le rôle joué par l’internet et par la démocratie participative, ici on en rit comme si d’un gadget sans importance.

Puisque notre rôle en tant que responsables d’une association n’est pas d’afficher une position politique, ne le faisons pas. Mais n’est-il pas juste au moins dans la bataille des motions qui secoue le deuxième parti de France, le PS, de pointer quelques éléments positifs - ou au moins proches de notre sensibilité- chez celle qui est arrivée en tête du vote des militants : je veux parler de la motion E défendue par Ségolène Royal ?

Pour commencer elle ne renie en rien ce qui avait fait son originalité au moment des présidentielles : le pont qu’il faut réussir à construire entre ces deux forces vives de la société que sont les politiques et la société civile. Elle marque sa volonté d’ouvrir le PS et de le renouveler par sa structure et ses méthodes (« nous devons faire du PS ce grand parti démocratique, populaire et de mobilisation sociale dont la France a besoin » « le PS doit être fidèle à ses valeurs » « il doit être un laboratoire social » « il ne peut pas prétendre à lui seul la réponse aux grandes questions » « pour cela nous proposons de développer la démocratie participative pour associer en permanence les militants et les sympathisants » « organiser les consultations lors des réunions publiques ou de forums, notamment sur internet »).

Et puis et surtout la motion E affiche des mots clés auxquels nous tenons ( « le PS réformiste, porteur d’une volonté radicale de transformation sociale, économiquement responsable, européen, laïque et féministe »). Certes, nous avons été parfois heurtés par certains des propos de Ségolène Royal pendant la campagne présidentielle qui ne semblaient pas coller avec cette déclaration. Mais au moins cet affichage existe aujourd’hui et il en devient donc « opposable » ! Que dire de ceux ou celles qui ne l’affirment même pas et dont on sait comme qu’ils pensent et font tout le contraire.

N’est-ce pas un peu notre victoire que ces mots soient repris comme un slogan de campagne ?

Autre élément positif qui représente une évolution dans le comportement de Ségolène Royal : elle joue beaucoup moins perso. Autour d’elle il y a une équipe et chacun parle tout autant qu’elle lors des réunions publiques.

Sans doute une leçon tirée de l’expérience des présidentielles. Contrairement à ce que la presse l’a laissé entendre, dans son livre - « ma plus belle histoire, c’est vous » paru chez Grasset, Ségolène Royal fait preuve d’une grande sincérité et l’on comprend mieux son personnage. On y trouve une véritable réflexion sur ses erreurs, notamment par rapport au parti et aux ténors socialistes qu’elle a laissés de côté ( « Je dois à la vérité de dire que je n’ai pas fait grand-chose pour les amener ( à mes côtés) » « je me suis concentrée sur l’immense responsabilité qui était la mienne. J’étais la candidate de tous les Français. Je n’appartenais plus au PS. Et peut-être ma faute a-t-elle été d’être restée à mi-chemin (…) ».

Cette sincérité on la trouve dans ses réflexions sur ce qu’a représenté le fait d’être une femme. Sujet sensible car on lui a reproché d’avoir trop joué de cette corde. Réflexions qui ne sont nullement misérabilistes et toujours sur un ton mesuré et interrogatif. De la sincérité encore dans ce qu’elle décrit sur son vécu de la campagne électorale :

« Qui peut ressentir réellement ce que représente physiquement, moralement, psychologiquement une campagne ? Qui peut comprendre le vertige qui vous saisit parfois, la surestimation de soi, la haine de soi, la peur de trop en dire, la joie extatique face à des foules qui s’offrent à vous ? Qui peut saisir ce don total
de soi-même, et cet égocentrisme vital, pour survivre(…) ? ».

Il y a urgence à retrouver l’espoir, et celui-ci passe par un signe des politiques dans le sens de ce qui nous rassemble. Pourquoi au moins ne pas reconnaître ces signes-là tout en conservant nos réserves sur toute une partie du programme de la motion E ? Ces deux mots au moins « laïque et féministe », n’ont pas été oubliés.

N’oublions pas qu’à La ligue du Droit International des Femmes nous défendons des valeurs et des symboles.

Annie Sugier

LDIF, La Ligue du Droit International des Femmes
6 place Saint Germain des Près 75005 PARIS France