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Les Braqueuses réclament la parité

APPEL - Dans une tribune au JDD, les basketteuses s’associent à Manaudou, Flessel, Aulas ou Thuram pour lancer un appel à l’égalité hommes-femmes dans le sport.

Le calendrier était idéal pour se faire entendre. L’équipe de France de basket féminin est en finale de l’Euro dimanche et, mercredi, Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, présentera en conseil des ministres le projet de loi "pour l’égalité entre les femmes et les hommes". Ce texte transversal vise notamment à renforcer la parité dans le monde économique, politique et donc sportif. Pour obtenir leur agrément, les fédérations devront ainsi proposer un nombre égal de sièges entre hommes et femmes dans leurs instances dirigeantes.

"Un premier pas mais il en faudra d’autres", estiment les signataires de l’appel que publie le JDD. Des hommes et des femmes, des sportifs et dirigeants tels Jean-Michel Aulas, Laure Manaudou, Lilian Thuram et les Braqueuses. Ces personnalités diverses disent vouloir bouleverser les conservatismes du secteur. Dans leur tribune, elles font le constat des inégalités qui "nuisent au développement du sport en France tout autant qu’elles renvoient une image archaïque de notre société". Et préviennent : "Ce mépris est insupportable. Nous ne resterons pas les bras croisés."

L'appel :
"Ce mépris est inacceptable"

Pourquoi attendre qu'une équipe de France de basket soit en demi-finale d'un Euro pour qu'elle ait droit à une diffusion en clair?

"Une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte." Ainsi parlait, au XIXe siècle, Pierre de Coubertin, le "visionnaire" baron fondateur des Jeux olympiques. Deux siècles plus tard, les JO de Londres lui ont heureusement apporté un cruel démenti. Rien que pour la France, 44 % de nos médailles ont été gagnées par des femmes, alors même qu'elles ne représentent que 35 % des licenciés dans les fédérations olympiques.

L'été qui s'ouvre confirme qu'elles portent haut les couleurs de notre pays : au Championnat d'Europe de basket, les Braqueuses sont candidates au titre ce soir, comme le seront nos footballeuses le mois prochain à l'Euro en Suède. Les résultats sont là et le public suit avec un intérêt grandissant. Faut-il rappeler que la meilleure audience de la TNT en 2011 a été réalisée par un événement sportif féminin, la demi-finale des Bleues à la Coupe du monde de football?

Pourtant, le sport féminin reste quasiment invisible, comme s'il était une sous-catégorie honteuse. 85 % de la couverture médiatique des compétitions concerne les hommes. Cette inégalité sur nos écrans se traduit mécaniquement par des inégalités de salaires et dans le sponsoring. Un exemple? En 2012, d'après une étude de Havas, les femmes n'ont récupéré que 3% des 273 millions investis par les 100 premiers sponsors ! Pourtant, 70 % des Français trouvent le sport féminin tout aussi intéressant que lorsqu'il est pratiqué par des hommes. 64% le regarderaient davantage s'il était plus diffusé et 48% s'y intéresseraient encore plus si les entreprises s'engageaient à le soutenir. Alors, qu'attendons-nous?
Ces injustices sont aussi visibles au sommet, dans les instances. Il n'existe à ce jour qu'une seule présidente de fédération olympique, à l'escrime. Dans les différents bureaux exécutifs ou commissions dirigeantes, les réunions restent très majoritairement masculines. Comment peut-on continuer à prétendre représenter la pluralité d'une discipline dans ces conditions?

Nous, actrices et acteurs professionnels du monde sportif, estimons que ces inégalités nuisent au développement du sport en France tout autant qu'elles renvoient une image archaïque de notre société. Ce mépris est inacceptable. Nous ne comptons pas rester les bras croisés. Le gouvernement a décidé d'accélérer la mise en œuvre de mesures bienvenues : la parité dans les instances dirigeantes des fédérations, la diffusion de nouvelles compétitions féminines à l'écran, le renforcement des pouvoirs d'intervention du CSA pour garantir l'égalité dans la couverture médiatique.

C'est un premier pas, il en faudra d'autres. Pourquoi attendre qu'une équipe de France de basket soit en demi-finale d'un Euro pour qu'elle ait droit à une diffusion en clair? À compétences égales, pourquoi ne pas privilégier la promotion d'une femme dans les instances? Une concertation va s'ouvrir. Ne ratons pas cette opportunité historique pour remettre l'égalité et la pluralité au cœur même de nos valeurs. Nous en sommes convaincus, la femme est l'avenir du mouvement sportif.

Les principaux signataires
Christine Arron, détentrice du record d'Europe du 100 m (athlétisme)
Jean-Michel Aulas, président de l'Olympique lyonnais (football)
Philippe Bana, DTN du handball
L'équipe de France de basket féminin :
Sandrine Gruda, Céline Dumerc, Emmeline Ndongue, Endy Miyem, Émilie Gomis, Gaëlle Skrela, Valériane Ayayi, Diandra Tchatouang, Marielle Amant, Anaël Lardy, Isabelle Yacoubou, Edwige Lawson-Wade
Maryse Ewanjé-Epée, chroniqueuse à RMC
Laura Flessel, championne olympique (escrime)
Pierre Fosset, président du Tango Bourges (basket)
Fabien Gilot, médaillé olympique (natation)
Amélie Goudjo, capitaine de l'équipe de France de handball
Serge Lecomte, président de la Fédération française d'équitation
Laure Manaudou, championne olympique (natation)
Laurent Petrynka, directeur de l'Union nationale du sport scolaire
Jean-Pierre Siutat, président de la Fédération française de basketball
Lilian Thuram, champion du monde (football)

 Lien : http://www.lejdd.fr/Sport/Actualite/Les-Braqueuses-reclament-la-parite-616222

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